Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mijac3
Archives
Mijac3
4 janvier 2009

Moonwalk: L'autobiographie de Michael Jackson.

Continuons ensemble à renter dans l'univers du Roi de la Pop, avec la quatrième partie du Chapitre 1 de son autobiographie "MOONWALK".

"Des mômes qui rêvent"  (Chapitre 1 - 5ème partie)

Un jour, peu de temps après nos expériences dans les clubs de Chicago, papa rapporta une cassette de chansons que nous n’avions jamais entendues auparavant. On se demandait bien pourquoi il nous faisait écouter ça, car jusqu’ici, il ne nous passait que des chansons connues. C’était la voix d’un type qui ne chantait pas très bien, avec un vague accompagnement de guitare. Papa nous dit que le type en question n’était pas vraiment un chanteur, mais quelqu’un qui écrivait des chansons et qui avait son propre studio d’enregistrement à Gary. Il s’appelait M. Keith et il nous avait donné une semaine pour apprendre ses chansons. Nous pourrions en faire un disque éventuellement. Naturellement, nous étions prêts à enregistrer n’importe quoi pourvu que ce soit un disque.

J5_officiel

j5steeltowntalent

Nous avons travaillé surtout la musique, sans nous préoccuper des mouvements de scène qu’il faut apprendre en même temps, normalement. Ça n’était pas aussi amusant que le répertoire déjà connu, mais nous étions suffisamment professionnels pour cacher notre déception, et donner tout ce que nous pouvions. Quand nous avons senti que nous étions prêts et que nous avions fait le maximum, papa nous a fait faire une petite maquette, après quelques faux départs et quelques critiques sévères. Un ou deux jours plus tard, papa est revenu de chez M. Keith avec de nouvelles chansons que nous devions travailler pour notre premier enregistrement.

Comme papa, M. keith était un ouvrier d’usine qui adorait la musique. Mais il y avait aussi un pied dans l’enregistrement et la production de disques. Son studio et son label s’appelaient Steeltown. Quand j’y repense, je suis sûr que M. Keith était tout aussi excité que nous à l’idée de faire ce disque. Son studio était en plein centre-ville, et nous sommes allés chez lui un dimanche matin de bonne heure, juste avant mon émission de télé favorite : " The Road Runner Show ". M. Keith nous accueillit à la porte et nous fit entrer dans son studio ; il nous montra une petite cabine en verre avec un tas d’appareils à l’intérieur, et il nous expliqua à quoi ils servaient ; ce n’était pas le moment de tripoter les machines, du moins dans ce studio. Je mis un casque sur mes oreilles, et avec cet étrange machin qui me descendait jusqu’au cou, je décidai d’avoir l’air prêt à tout.

Mes frères essayaient de voir où ils allaient brancher leurs instruments et à ce moment-là, des choristes et une section de cuivres sont arrivés. D’abord, j’ai cru qu’ils étaient là pour enregistrer après nous. Mais ils étaient là pour enregistrer avec nous et nous étions ravis. Papa n’avait pas bronché. Visiblement, il était au courant. C’est pas facile de surprendre mon père. Il nous demanda d’obéir à tout ce que nous demanderait de faire M. Keith, quand nous serions dans la cabine d’enregistrement. Si nous faisions tout ce qu’il nous demandait, le disque se passerait très bien.

Quelques heures plus tard, nous avions fini la première chanson de M. Keith. Certains choristes et joueurs de cuivre n’avaient pas l’habitude de recommencer encore et encore jusqu'à ce que ça soit parfait. Mais ils n’avaient pas un manager perfectionniste comme le nôtre et ils trouvaient ça difficile. C’est à ce moment-là qu’on a compris que papa nous faisait travailler comme des vrais professionnels. Nous sommes revenus plusieurs dimanches de suite, après des répétitions intenses pendant le semaine. Chaque fois, nous rapportions une copie de l’enregistrement. Un dimanche, papa apporta sa guitare et il joua avec nous. C’est la seule fois qu’il a enregistré quelque chose avec nous.

Une fois les disques pressés, M. Keith nous donna des boîtes de disques pour que nous puissions les vendre à l’entracte et après nos spectacles. Nous savions que ce n’était pas la façon dont les groupes connus opéraient, mais il fallait bien démarrer quelque part, et à cette époque-là, avoir son nom sur un disque était une affaire. On se sentait vraiment privilégiés.

Ce premier quarante-cinq tours Steeltown, s’appelait " Big Boy ". C’était une bonne chanson, qui racontait l’histoire d’un garçon qui tombe amoureux d’une fille. Pour vous donner une idée de la chose, imaginez un môme maigrichon de neuf ans en train de chanter ça. Les paroles disaient que je voulais davantage qu’un joli conte de fées, mais en réalité, je ne comprenais rien à ce que je chantais. Je chantais seulement ce que l’on me demandait de chanter.

Quand ce disque, qui avait une ligne de basse d’enfer, est sorti, et que les radios locales de Gary ont commencé à le diffuser, c’était vraiment un événement dans le quartier. Personne ne voulait croire que c’était notre disque. Et même nous, nous avions du mal à y croire aussi.

Après ce premier disque Steeltown, nous avons recommencé à participer aux concours d’amateurs, à Chicago. Généralement, les autres artistes, surtout ceux qui passaient après nous, me voyaient débarquer avec stupeur, parce que j’étais minuscule. Un jour, j’ai vu Jackie, plié en deux, mort de rire, comme si quelqu’un lui avait raconté une histoire vraiment drôle. C’était mal parti pour lui si papa s’apercevait qu’il était dans cet état avant de monter sur scène. Papa le repéra aussitôt et se dirigea vers lui pour lui dire deux mots, mais Jackie lui raconta un truc à l’oreille et papa se mit à rire lui aussi en se tenant les côtes. Moi aussi, je voulais connaître l’histoire. Papa raconta, avec une pointe de fierté dans la voix, que Jackie avait entendu les autres artistes parler entre eux et l’un d’eux avait déclaré :

" On a intérêt à ne pas se faire avoir par ces Jackson 5, avec ce nain qu’ils ont dans leur équipe. "

J’étais furieux, parce que mon amour-propre étais blessé. Je trouvais ça très méchant. C’était pas ma faute si j’étais le plus petit, mais tous mes frères étaient écroulés de rire. Papa m’expliqua qu’ils ne riaient pas de moi. Je devais être fier au contraire d’être pris pour un adulte par nos concurrents. Ils croyaient que j’étais un des elfes du Magicien d’Oz. Papa ajouta que si nous suscitions autant d’envie et de jalousie de la part de ces types que nous en avions reçu des gamins de notre quartier, à Gary, c’est que c’était gagné pour nous à Chicago. Mais ce n’était pas aussi simple. Il fallait d’abord jouer dans les clubs bien côtés de Chicago. Papa signa un contrat pour que nous puissions passer dans les bons clubs de Chicago et il nous inscrivit au Théâtre Royal pour un concours d’amateurs. Il était allé voir B.B. King le soir de son fameux enregistrement en public. On avait d’ailleurs suggéré à Tito de baptiser la guitare que papa lui avait offerte quelques années plus tôt " Lucille de B.B. King ", en hommage au musicien.

On a gagné le concours trois semaines de suite, en chantant une nouvelle chanson à chaque fois pour exciter la curiosité des habitués. Certains concurrents commençaient à trouver qu’on exagérait de revenir à chaque fois, mais on était tous là pour la même chose : gagner. La récompense la plus alléchante dans ce concours, c’est que si on gagnait trois fois de suite, on était invités à revenir. Mais cette fois, on était payés, et ça se passait devant des milliers de spectateurs, et non pas devant quelques dizaines, comme c’était le cas quand on jouait dans les bars. Nous avons eu le privilège de faire ce spectacle avec Gladys Knight et les Pips qui chantaient une nouvelle chanson intitulée : " Through the Grapevine ". Ce fut une soirée géante.

apollo_harlem_theater

Après Chicago, il restait encore un grand concours d’amateurs à gagner : celui du Théâtre Apollo à New-York. Beaucoup de gens pensaient que le fait de gagner le concours de New-York était qu’une question de chance, et rien d’autre. Mais papa était persuadé qu’en plus des gens de talent qui se produisaient, il y a avait beaucoup plus de gens des maisons de disques et des musiciens professionnels à New-York qu’à Chicago. Si on pouvait gagner à New-York, on pouvait y arriver n’importe où. C’était ça, l’Apollo pour papa.

Chicago avait déjà fait parvenir des informations sur nous avant qu’on arrive à New-York et notre réputation était telle qu’on nous fit passer directement en finale, sans nous imposer les éliminatoires.

Gladys avait déjà évoqué la possibilité pour nous d’aller à Motown, de même que Bobby Taylor, un membre des Vancouvers qui s’était lié d’amitié avec papa. Bien sûr, on rêvait d’aller auditionner à Motown, mais c’était un projet qui se réaliserait plus tard.

Nous sommes arrivés à l’Apollo, dans la 125ième rue, avec deux bonnes heures d’avance. Nous nous sommes baladés dans le théâtre et nous avons admiré toutes les photos d’artistes blancs et noirs qui étaient venus jouer là. Le manager nous montra les loges, mais moi, j’étais en arrêt devant les photos de mes chanteurs préférés.

jackie_wilson

james_brown

Tandis que mes frères faisaient connaissance avec les autres artistes de la première partie du spectacle, moi j’observais soigneusement les photos, parce que je voulais m’imprégner de chacun de leurs gestes, de leurs mimiques. Je regardais la façon dont leur pieds étaient placés, comment ils tenaient leur micro, et je me demandais pourquoi ils s’y prenaient comme ça. Après avoir étudié James Brown dans les coulisses, je connaissais chacun de ses pas, de ses grognements, chacune de ses pirouettes. C’est vrai que rien qu’à le regarder sur scène, on était épuisé, vidé par l’émotion. Sa présence physique ahurissante, le feu qui sortait de chaque pore de sa peau étaient phénoménaux . On pouvait presque sentir chaque goutte de sueur coulant sur son visage, et ce qu’il éprouvait à ce moment-là. Je n’ai jamais vu personne se défoncer comme ça sur une scène. Vraiment incroyable ! Quand je regardais quelqu’un que j’aimais, c’est comme si j’étais à sa place. James Brown, Jackie Wilson, Sam and Dave, les O’Jays, ils faisaient vraiment " travailler " leur salle. J’ai énormément appris en regardant Jackie Wilson. Tout ceci a contribué à m’apprendre mon métier.

Nous, on restait là, derrière les rideaux, à regarder les artistes sortir de la scène en sueur, après leur représentation. Moi, j’étais pétrifié, et je les regardais passer, avec leurs magnifiques chaussures de luxe. Mon rêve, c’était de pouvoir avoir une paire de chaussures en cuir de cette qualité. J’avais le cœur brisé parce que ces chaussures n’existaient pas pour les petits garçons. Je faisais toutes les boutiques dans l’espoir d’en trouver une paire et on me disait à chaque fois : " On ne les fait pas pour les petites tailles. " J’étais très malheureux parce que je voulais avoir les mêmes que celles que j ‘avais vues sur scène, brillantes, chatoyantes, et changeant de reflets sous les lumières. Oh, je voulais tellement avoir les mêmes chaussures que celles que portait Jackie Wilson !

Publicité
Commentaires
Mijac3
  • Je crée ce lieu pour que chacun s'y sente chez soi afin que tout le monde y trouve un moyen de s'évader du quotidien. Laissez vous emportez dans un monde de divertissement, d'intimité, d'information, de culture et d'émotion.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité