Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mijac3
Archives
Mijac3
31 mars 2010

Moonwalk: L'autobiographie de Michael Jackson.

Suite et fin de l'autobiographie de Michael Jackson : Moonwalk.

Chapitre 6

All You Need Is Love

J’avais prévu de passer une bonne partie de l’année 1984 sur des projets de films,
mais ces plans ont été perturbés. D’abord, en janvier, j’ai été brûlé sur le tournage
d’un film publicitaire pour Pepsi, que je tournais avec mes frères.
Tout s’est passé de façon absurde, purement et simplement. Nous tournions de nuit
et j’étais censé descendre d’un escalier au milieu d’éclairs de bombes au magnésium
qui explosaient autour de moi. Ça paraissait simple. Nous avons fait plusieurs prises
qui se sont passées impeccablement. Les effets lumineux étaient magnifiques. C’est
seulement plus tard que je me suis aperçu que ces bombes éclataient à cinquante
centimètres de ma tête, ce qui était contraire à toutes les normes de sécurité.
Bob Giraldi, le réalisateur, est venu vers moi : "Michael, tu descends trop tôt. On veut
te voir en haut des escaliers. Quand les lumières s’allument, on veut te voir
apparaître là, alors ATTENDS."
J’ai attendu. Les bombes ont explosé, et les étincelles ont pris feu dans mes
cheveux. Je dansais le long de la rampe d’escalier, sans m’en rendre compte.
Soudain, j’ai passé instinctivement la main dans mes cheveux, et j’ai senti les
flammes. Je suis tombé et j’ai essayé d’éteindre le feu. Jermaine s’est retourné, m’a
vu par terre, juste après les explosions, et il a cru que quelqu’un m’avait tiré dessus ;
parce que nous tournions au milieu d’un public.
Miko Brando, qui travaille pour moi, a été le premier à me sauter dessus. Après ça
chaos total. C’était fou. Aucun film ne pourrait saisir ce qui s’est passé cette nuit-là.
La foule hurlait. Quelqu’un a crié : " Allez chercher de la glace ! " D’autres disaient : "
Oh non ! " Le camion du SAMU est arrivé et, avant qu’ils me transportent à l’intérieur,
j’ai vu les visages terrifiés des directeurs de chez Pepsi, réunis dans un coin. Ils
avaient l’air tellement horrifiés de ce qui m’arrivait qu’ils ne sont même pas venus
près de moi quand les médecins m’ont mis sur le brancard.
Malgré la souffrance horrible, pendant tout ce temps-là, je me sentais détaché,
comme spectateur. Plus tard, on m’a dit que j’étais en état de choc, pourtant je me
souviens que le voyage en ambulance jusqu'à l’hôpital m’a amusé à cause du bruit
des sirènes. C’était une des choses que j’avais toujours désirées quand j’étais petit :
rouler dans une ambulance. Quand on est arrivés, on m’a dit que les équipes de
presse étaient déjà en place, à m’attendre. J’ai alors demandé qu’on me mette mon
gant. D’ailleurs il existe une photo célèbre de moi sur le brancard, en train de faire
des signes avec mon gant.
Plus tard, les médecins m’ont avoué que c’était un miracle que je soit encore en vie.
Un des pompiers a déclaré que dans la plupart des cas les vêtements prennent feu
et qu’on peut mourir ou être défiguré. Derrière la tête, j’avais des brûlures au
troisième degré, qui avaient presque atteint la boîte crânienne, et j’ai eu des tas de
problèmes à cause de cela. Malgré tout j’ai eu de la chance.
Ce que nous savons maintenant, c’est que cet incident a fait beaucoup de publicité
au film. Ils ont vendu plus de Pepsi qu’auparavant. Par la suite, ils sont revenus me
voir et m’ont offert le plus gros cachet qu’on est jamais payé à un artiste pour sa
participation à une pub.
C’était tellement colossal que c’est devenu un
autre record enregistré dans le Live mondial
Guinness. Pepsi et moi avons ensuite travaillé
sur un autre film publicitaire appelé " The Kid ".
Pour celui-ci, je leur ai causé des tas de
problèmes, car certains plans qu’ils me
demandaient de faire ne me plaisaient pas.
Lorsque le film fut diffusé, ça a été un gros
succès et ils m’ont dit que j’avais eu raison. Je
me souviens encore de la panique chez les
cadres de Pepsi cette nuit-là. Ils pensaient que si
j’avais été brûlé à cause de leur produit, ça
risquait de laisser un goût de roussi dans la
bouche de tous les mômes d’Amérique qui
buvaient du Pepsi. Ils savaient aussi que j’aurais
pu leur faire un procès. J’aurais pu, mais j’ai été
gentil avec eux. Vraiment gentil. Ils m’ont donné
1 500 000 dollars de compensation, dont j’ai
aussitôt fait don au centre des brûlés " Michael
Jackson Burn Center ".
J’ai voulu faire ce geste parce que j’étais bouleversé par les brûlés que j’avais
rencontrés à l’hôpital.

0911100431049335
Puis il y a eu la tournée Victory. J’ai donné cinquante-cinq concerts avec mes frères
pendant cinq mois.
Je ne voulais pas faire cette tournée et j’ai tout fait pour ne pas la faire. Je sentais
que pour moi ce n’était pas raisonnable, mais mes frères insistaient et j’ai cédé. Et,
une fois que j’ai été engagé, j’y ai mis toute mon âme.
Quand la tournée a démarré, il y avait des tas de choses sur lesquelles je n’étais pas
d’accord. Je n’avais pas voix au chapitre mais finalement, une fois sur scène, je
devais assurer. Mon but, dans cette tournée, était de me donner à fond à chaque
concert. J’espérais qu’il y aurait des gens qui viendraient me voir, même s’ils ne
m’aimaient pas. Je voulais qu’ils entendent parler de mon spectacle et qu’ils aient
envie de voir ce qui s’y passait. Je voulais que le bouche-à-oreille soit tellement
gigantesque qu’un public énorme se déplace. Le bouche-à-oreille est la meilleure
publicité. Il n’y a rien de tel. Si quelqu’un que je respecte vient me parler en bien d’un
spectacle qu’il a vu, j’y cours.
Je me sentais une forme et une énergie d’enfer pendant cette tournée Victory. J’étais
enragé. Cette tournée signifiait : " Nous sommes géants. Nous voulons vous faire
partager notre musique. Nous voulons vous dire quelque chose. " Au début du show,
nous surgissions du haut de la scène et descendions des escaliers. L’ouverture était
superbe et la mise en scène tellement dramatique qu’elle donnait le ton au spectacle.
C’était vraiment bien de rejouer avec mes frères. C’était une occasion unique de
revivre l’époque des Jackson Five et des Jackson. Nous étions tous ensemble à
nouveau. Jermaine connaissait un regain de popularité. C’est la plus grosse tournée
qu’aucun groupe ait jamais faite, dans des stades géants, en plein air. Mais dès le
début de cette tournée, j’ai été déçu. J’aurais voulu faire bouger le monde comme
personne ne l’avait fait jusqu’ici. Je voulais qu’ils disent tous : " Wouah, c’est
merveilleux ! "
L’accueil que nous recevions du public et des fans était fabuleux, mais je n’étais pas
satisfait de ce spectacle. Je n’avais pas eu le temps, ni l’occasion de travailler assez
pour que ce soit parfait. Je n’étais pas content de la mise en scène de " Billie Jean ".
J’aurais tellement voulu donner davantage. Je ne l’aimais pas parce que les
éclairages et la chorégraphie n’étaient pas comme je l’avais imaginés. J’étais
vraiment malheureux de me produire dans ces conditions.
Il m’arrive parfois, avant un spectacle, d’être préoccupé par des problèmes d’ordre
privé ou professionnel. Je me dis : " Je ne sais pas comment je vais pouvoir aller
jusqu’au bout ! Je ne vais pas y arriver ! Je ne peux pas monter sur scène dans cet
état ! "
Mais dès que j’ai le pied sur scène, il se passe quelque chose. La musique démarre,
les lumières m’accrochent et les problèmes disparaissent. Cela m’est arrivé bien
souvent. Le plaisir de jouer prend le dessus. C’est comme si Dieu me disait : " Oui, tu
peux y arriver. Oui, fais-moi confiance. Écoute d’abord ça, et puis regarde là..." Et le
tempo monte dans mes reins, vibre et m’emporte. Parfois, je perds les pédales et les
musiciens se disent : " Qu’est-ce qu’il fabrique ? " Et ils me suivent aussitôt. Ça
m’arrive de changer l’ordre d’un morceau, de recommencer une chanson à zéro et
de la faire repartir dans une autre direction.
Il y avait un moment dans le show Victory où je faisais chanter le public en lui faisant
répéter : " Da-di, da-di. " Parfois, ils tapaient la mesure avec les pieds. Quand tout le
public s’y mettait, c’était un véritable tremblement de terre. Oh ! comme c’était
enivrant de pouvoir soulever un tel enthousiasme. Des stades entiers !...
C’est la sensation la plus fantastique au monde. Quand on regarde le public on voit
des bébés, des adolescents, des grands-parents et des gens de vingt, trente ans.
Tout le monde se balance en chantant, les bras levés.
Il m’arrive souvent de demander aux éclairagistes de tourner les projecteurs vers le
public. Je vois tous les visages, et je leur dit : " Levez les bras ! Levez-vous ! Frappez
dans vos mains ! "Ils le font, et ils s’amusent comme des fous.
C’est si beau, ces gens de toutes les races qui font ça à l’unisson. Parfois je leur dit :
" Regardez autour de vous ! Regardez-vous ! Regardez ce que vous pouvez faire. "
Oh, c’est tellement inouï, tellement sublime. Ce sont des grands moments de
bonheur. La tournée Victory était l’occasion de me montrer à mes fans pour la
première fois depuis que " Thriller " était sorti, deux ans avant.
Les gens avaient de drôles de réactions. Quand je les rencontrais dans les couloirs,
ils disaient : " No-o-on ! C’est pas possible ! Ça peut pas être lui ! " J’étais interloqué
et je me disais : " Pourquoi ne serait-ce pas moi ? Il faut bien que je me trouve
quelque part à un moment donné ! " Certains fans s’imaginent qu’on est seulement
une illusion. Quand ils me voient, ils ont l’impression que c’est un miracle, que je
n’existe pas vraiment. Il y a même des fans qui m’ont demandé si j’utilisais les
toilettes. C’est plus que gênant. Ils perdent le sens des réalités parce qu’ils sont
surexcités. Mais je comprends ça parce que j’aurais éprouvé la même chose si
j’avais rencontré Walt Disney ou Charlie Chaplin.
La tournée avait démarré à Kansas City. Le soir, nous marchions au bord de la
piscine de l’hôtel, quand Frank Dileo a perdu l’équilibre et est tombé dedans. En
voyant ça, les gens ont commencé à s’esclaffer et moi je n’ai pas résisté : je me suis
mis à rire comme un fou. Il ne s’était pas fait mal, mais il était sous le choc, Nous
avons sauté un petit mur et nous nous sommes retrouvés dans la rue, sans notre
service de sécurité. Les gens n’arrivaient pas à croire que nous puissions marcher
dans la rue comme ça, et ils s’écartaient sur notre passage.
Plus tard, quand nous sommes arrivés à l’hôtel, Bill Bray, qui dirige mon équipe de
sécurité depuis que je suis tout petit, haussa les épaules et se mit à rire quand nous
lui avons raconté nos aventures.
Bill est très prudent et incroyablement professionnel, mais il ne se fait jamais de
souci après coup. Il voyage tout le temps avec moi, et parfois il est mon seul
compagnon. Je ne peux même pas imaginer la vie sans Bill : il est drôle et
affectueux, et c’est un amoureux de la vie.
C’est un homme merveilleux.
Quand la tournée est arrivée à Washington D.C., j’étais dehors, sur un balcon de
l’hôtel avec Frank, qui a un grand sens de l’humour et adore faire des farces. Nous
faisions les fous. J’ai commencé à lui piquer des billets de 100 dollars dans les
poches et à les jeter aux gens qui passaient. Ça a failli déclencher une émeute. Il
essayait de m’arrêter, mais on riait trop. Ça m’a rappelé les bêtises que nous faisions
en tournée avec mes frères. Frank envoya les gardes en bas pour essayer de
récupérer les billets qui avaient atterri dans les buissons.
À Jacksonville la police a failli nous tuer dans un accident de voiture, au cours du
trajet entre l’hôtel et le stade. Plus tard, dans une autre partie de la Floride, pris par le
démon des farces et attrapes, qui me chatouille quand je commence à mourir d’ennui
dans les hôtels de tournées, j’ai joué un vilain tour à Frank. Je lui ai demandé de
venir dans ma suite et lui ai proposé de manger de la pastèque, qui se trouvait sur
une petite table, à l’autre bout de la pièce. Frank avança et trébucha sur mon boa
constrictor, Muscles, que j’avais emmené en tournée avec moi. Muscles est
complètement inoffensif, mais Frank a horreur des serpents. Il s’est mis à hurler de
terreur. Je lui ai couru après dans la chambre avec le boa. Frank a pourtant réussi à
renverser la situation. Il s’est précipité, pris de panique, vers la sortie, et il a attrapé le
revolver du garde du corps. Il s’apprêtait à tirer sur Muscles, mais le garde a réussi à
le calmer. Plus tard, il m’a avoué qu’il n’avait eu qu’une seul idée en tête : " Faut que
je flingue ce serpent ! " Je me suis aperçu que beaucoup d’hommes virils avaient
peur des serpents.

039
Nous nous trouvions bloqués dans tous ces grands hôtels à travers l’Amérique, et
c’était comme au bon vieux temps. Jermaine, Randy et moi, nous avons commencé
à faire des bêtises. Par exemple, verser des seaux d’eau par-dessus les balcons qui
surplombent les salles à manger, sur la tête des clients. Oui, c’était comme au bon
vieux temps, l’ennui, les farces, et nous bloqués dans nos chambres pour nous
mettre à l’abri de nos fans, dans l’impossibilité d’aller nulle part sans un service
d’ordre gigantesque.
Mais on avait du bon temps aussi. Il y a eu pas mal de jours de congé pendant cette
tournée et nous sommes allés cinq fois à Disneyland. Un jour, à l’hôtel, une chose
étonnante s’est produite. Je ne l’oublierai pas. J’étais sur un balcon qui surplombait
une grande place. Il y avait beaucoup de gens qui marchaient et se bousculaient
quand soudain quelqu’un me reconnut et m’appela par mon nom. Aussitôt, des
milliers de gens se mirent à scander : " Michael ! Michael ! " Le bruit résonnait dans
tout le parc. L’incantation continua jusqu'à ce que je ne puisse plus faire autrement
que d’y répondre, sinon j’aurais été impoli, alors j’ai dit : " Oh ! C’est merveilleux. Ça
me fait tellement plaisir ! " Aussitôt, tout le monde s’est mis à crier. Tout le travail que
j’avais mis dans " Thriller ", mes pleurs, mes rêves, tous ces efforts, toute cette
fatigue qui me faisait tomber d’épuisement devant mon micro, tout cela était payé de
retour par cette émouvante marque d’affection.
Il m’est arrivé d’entrer dans un théâtre pour voir une pièce, et tout le monde en me
voyant s’est mis à applaudir. Simplement parce qu’ils étaient contents que je me
trouve là. Dans ces moments-là, je me sens tellement honoré et tellement heureux
que je me dis que tout ce travail en valait la peine.
La tournée Victory devait s’appeler au départ " Le Rideau final " parce que ce serait
la dernière tournée qu’on ferait tous ensemble. Mais après réflexion nous avons
décidé de ne pas mettre l’accent là-dessus.
J’ai beaucoup aimé cette tournée. Je savais que ce serait long, trop long. Mais ce
que j’ai aimé le plus, c’est la présence des enfants dans le public. Chaque soir, il y en
avait beaucoup et ils étaient habillés tout spécialement pour la circonstance. Ils
étaient tellement excités d’être là.
Les enfants que j’ai rencontrés durant cette période m’ont donné de l’inspiration. Il y
en avait de tous les âges et de toutes les races. J’ai toujours rêvé, depuis que je suis
tout petit, de pouvoir réunir les gens de tous les pays grâce à l’amour et la musique.
J’ai encore la chair de poule quand j’entends les Beatles chanter " All You Need is
Love ".
J’ai beaucoup aimé les spectacles que nous avons donnés à Miami pendant que
nous y étions. Le Colorado était super aussi. Nous avons passé des bons moments
de détente au ranch Caribou. A New-York, c’était vraiment géant, comme d’habitude.
Emmanuel Lewis est venu nous voir, ainsi que Yoki, Sean Lennon, Brooke et un tas
de bons amis.
En y repensant, j’ai aimé autant les moments sur scène que les périodes de repos
entre deux concerts. Je me suis aperçu que je pouvais " partir " tellement loin quand
j’étais sur scène qu’il m’arrivait souvent de jeter mes vestes au public. Les
costumiers n’étaient pas contents et je leur disais honnêtement : " Je suis désolé,
mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est plus fort que moi ; je sais que je ne
devrais pas le faire, mais je n’y peux rien. Il y a une telle communication et une telle
joie entre nous tous que je me laisse complètement aller. "
Nous étions en tournée quand nous avons appris que ma soeur Janet s’était mariée.
Tout le monde avait peur de m’en parler, parce que je suis proche de Janet. J’étais
sous le choc. Je suis très protecteur avec elle. C’est la petite fille de Quincy Jones
qui m’a appris la nouvelle.
J’ai toujours aimé être avec mes trois soeurs, ce sont des vraies beautés et surtout
nous sommes très proches les uns des autres. La Toya est merveilleuse. Elle est
très facile à vivre, mais elle a certaines lubies. Par exemple, quand on va dans sa
chambre, on ne peut pas s’asseoir sur le lit, ni sur le divan ; On ne peut pas marcher
sur la moquette, et on se fait chasser. C’est la vérité. Sa chambre est un véritable
sanctuaire. Elle veut que tout soit parfait. J’ai beau lui dire : " On est bien obligé de
marcher sur la moquette pour entrer chez toi. " Quand on tousse à table, elle
recouvre son assiette avec sa serviette. Si on éternue, alors là, c’est une
catastrophe. Elle est comme ça. Maman dit qu’elle était comme ça aussi quand elle
était jeune.
Janet, par contre, a toujours été garçon manqué. Depuis toujours, elle est ma
meilleure amie dans la famille. C’est pour ça que j’étais tellement malheureux quand
elle s’est mariée. On a tout fait ensemble. On avait les mêmes goûts, le même sens
de l’humour. Quand nous étions plus jeunes, on se faisait des plans pour nos jours
de liberté et on inscrivait notre emploi du temps de la journée. Généralement c’était
très agréable : "LEVER. DONNER À MANGER AUX BÊTES. PRENDRE LE PETIT
DÉJEUNER. REGARDER DES DESSINS ANIMÉS. ALLER AU CINÉMA. ALLER AU
RESTAURANT. VOIR UN AUTRE FILM. RENTRER. PISCINE. " C’était la journée
idéale. Le soir, on relisait la liste en pensant à tous les plaisirs qu’on avait eus.
C’était merveilleux d’être avec Janet parce qu’on aimait les mêmes choses. On était
comme des jumeaux.
La Toya et moi sommes très différents. Elle ne veut jamais donner à manger à nos
animaux. Rien que l’odeur la fait fuir. Quand aux films, elle ne comprend pas que
j’aime aller voir " Les Dents de la mer " ou " Rencontre du troisième type ".
Quand Janet était avec moi et que je n’étais pas en train de travailler, nous étions
inséparables. Mais je savais que ça ne pouvait pas durer toujours. C’était inévitable.
Malheureusement, son mariage ne dura pas longtemps. Maintenant, elle est de
nouveau heureuse. Je pense sincèrement que le mariage est une chose
merveilleuse, mais que ça dépend des deux personnes impliquées. Je crois à
l’amour, j’y crois profondément, et comment ne pas y croire quand on l’a éprouvé ?
Je crois à la solidité des liens.
Un jour, je sais que je rencontrerai la femme qui me conviendra et que je me
marierai. J’ai tellement envie d’avoir des enfants. Et même, je voudrais avoir une
famille nombreuse, car je sais comment ça se passe. Quand je rêve de ma future
famille, je me vois avec treize enfants.
Pour l’instant, c’est mon travail qui engloutit la majeure partie de mon temps et de ma
vie émotionnelle. Je travaille tout le temps. J’aime créer et imaginer de nouveaux
projets. Quand au futur, "Que sera sera... " On verra bien. Ce serait sûrement difficile
pour moi d’être dépendant de quelqu’un, mais pourquoi pas ? Il y a tellement de
choses que je veux faire...
Je ne peux pas m’empêcher de relever les critiques que certains font de moi. Les
journalistes inventent n’importe quoi pour vendre leurs journaux. Ils racontent que je
me suis fait élargir les yeux, que je veux avoir l’air plus blanc. Plus blanc ? Qu’est-ce
que ça signifie ? Je n’ai pas inventé la chirurgie plastique. Elle existe depuis
longtemps. Il y a beaucoup de gens très bien, très gentils, très intelligents qui se sont
fait faire de la chirurgie plastique, et personne ne songerait à parler de leur
opérations, ni à les critiquer à cause de cela. Ce n’est pas juste. On peut se
demander : " " Qu’est-ce qui est arrivé à la vérité ? Est-ce que c’est une valeur
démodée ? "
Au fond, la chose la plus importante, c’est d’être sincère et honnête avec soi-même
et avec ceux qu’on aime et de travailler dur. J’entends par là travailler comme s’il n’y
avait pas de lendemain. Apprendre. Se battre. Je veux dire vraiment y aller et cultiver
son talent au plus haut degré. Être le meilleur possible. En savoir plus dans votre
domaine que tous les autres. Il faut utiliser les outils qu’on nous a donnés. Que ce
soit les livres, un parquet pour danser, ou une piscine pour nager.
Ce que vous avez, faites-en bon usage, c’est à vous. C’est ce que j’ai toujours
essayé de me rappeler. J’y ai beaucoup pensé pendant cette tournée Victory.
Finalement, j’ai senti que j’avais touché beaucoup de gens pendant cette tournée.
Pas exactement de la manière dont je l’aurais voulu, mais je sentais que cela se
produirait plus tard, quand je serais en concert, tout seul, ou dans de prochains films.
J’ai donné tous mes cachets de la tournée Victory à des oeuvres de charité, et au
centre des brûlés où j’avais été soigné après mon accident sur le tournage de Pepsi.
Nous avons donné plus de 4 millions de dollars cette année-là. Pour moi, la tournée
Victory a été l’occasion de redonner ce que j’avais reçu.
Après cette tournée, j’ai commencé à réfléchir à ma carrière avec plus d’attention
que jamais. J’avais appris une leçon quelques années auparavant, dont je me suis
souvenu au cours des moments difficiles de la tournée Victory. Nous avions fait une
tournée avec un escroc qui m’avait enseigné quelque chose, sans le savoir. Il disait :
" Écoutez, tous ces gens-là travaillent pour VOUS. Vous ne travaillez pas pour EUX.
C’est vous qui les payez. "
Il n’arrêtait pas de répéter ça. Finalement, j’ai compris ce qu’il voulait dire. C’était un
concept complètement nouveau pour moi, parce qu’à Motown on ne s’occupait de
rien. C’étaient les autres qui prenaient les décisions pour nous. J’ai été mentalement
traumatisé par cette expérience. " Tu dois porter ça. Tu dois faire ces chansons. Tu
vas aller là. Et puis, tu vas faire cette interview, et puis après ce show télévisé. "
C’est comme ça que ça se passait. Nous n’avions rien à dire. Lorsque ce type m’a dit
que c’était moi qui donnait les cartes et qui décidais, je me suis réveillé. J’ai compris
qu’il avait raison.
Bien qu’il nous ait arnaqués, je dois une fière chandelle à ce type.

gottahaveit_228_lg
Le projet de " Captain Eo " est arrivé
ensuite parce que les studios Disney
avaient envie de faire des choses
nouvelles, peu importe ce que je leur
proposerais, du moment que c’était créatif.
J’ai eu une longue entrevue avec eux et,
au cours de l’après-midi, je leur ai dit que
Walt Disney était un de mes héros favoris,
que je m’intéressais à son histoire et à sa
philosophie. J’avais lu bon nombre de
livres sur Walt Disney et son empire,
c’était important pour moi de faire les
choses comme lui les aurait aimées.
Puis ils m’ont demandé de faire un film et
j’ai accepté. Je leur ai dit que j’aimerais
travailler avec George Lucas et Steven
Spielberg. Il s’est avéré que Steven était
occupé, aussi George fit venir Francis
Ford Coppola, l’équipe de " Captain Eo "
fut mise en place.
J’ai pris l’avion plusieurs fois pour San Francisco, pour rendre visite à George, chez
lui, au ranch Skywalker ; petit à petit, nous avons ébauché le scénario d’un petit film
qui devait utiliser les nouvelles technologies en trois 3 D (trois dimensions). " Captain
Eo " devait donner aux spectateurs l’impression qu’ils étaient à l’intérieur d’un
vaisseau spatial, avec toutes les sensations et les émotions que cela peut comporter.
" Captain Eo " a pour thème la transformation et la façon dont la musique peut aider
à changer le monde. George a trouvé le nom " Captain Eo " ( Eo signifie l’aube, en
grec ). C’est l’histoire d’un jeune garçon qui part en mission vers une malheureuse
planète dirigée par une reine diabolique. Il a la charge d’apporter la lumière et la
beauté aux habitants. C’est une grande célébration de la victoire du bien et du mal.
En travaillant sur " Captain Eo ", mes sentiments positifs sur le cinéma se sont
encore renforcés, et j’ai compris que c’est la direction que j’aimerais prendre à
l’avenir. J’aime le cinéma, et cela depuis que je suis tout petit. Pendant deux heures,
on peut s’évader. C’est ce que j’aime avec les films. Je m’assois et je me dis : "
Okay, plus rien d’autre n’existe à présent. J’ai envie qu’on m’emporte dans un monde
merveilleux où les soucis, les chagrins et les horaires de travail n’existent plus. "
J’aime aussi être devant une caméra 35 mm, je me souviens que mes frères disaient
toujours : " Vivement que ce tournage soit terminé. " Moi, je ne comprenais pas
pourquoi ils n’aimaient pas ça. Je n’en perdais pas une miette, j’observais tout ce qui
se passait, et j’essayais d’apprendre, de comprendre ce que le réalisateur voulait
obtenir de nous, ce que faisait l’éclairagiste. Je voulais savoir d’où venait la lumière
et pourquoi le réalisateur recommençait la même scène autant de fois. J’aimais bien
apprendre que le script allait changer. C’est ce que je considère comme mon
apprentissage du monde du film. Générer de nouvelles idées est tellement excitant
pour moi, et l’industrie du film semble apparemment souffrir d’un manque d’idées
originales. Tellement de gens font la même chose. Les grands studios me rappellent
la façon dont Motown s’y prenait quand nous étions en désaccord avec eux : ils
veulent que leurs équipes fassent des trucs qui marchent d’après une recette, des
paris gagnés d’avance, mais le public se fatigue, bien entendu. C’est pour ça que
temps de gens se contentent de refaire toujours les mêmes trucs ringards. George
Lucas et Steven Spielberg sont des exceptions.
Moi j’ai envie de changer certaines choses, et j’espère bien y arriver un de ces jours.
Marlon Brando est devenu un ami très proche. Je ne peux pas vous dire tout ce qu’il
m’a enseigné. Ensemble, nous parlons pendant des heures. Il m’a appris beaucoup
de choses sur les films. C’est un acteur extraordinaire et il a travaillé avec les plus
grands du cinéma, des cameramen aux acteurs. Il a un respect du métier du film et
de sa valeur artistique qui me sidère. Il est comme un père pour moi. C’est pourquoi
le film est mon rêve numéro UN, mais j’ai d’autres rêves également.
Au début des années 85, nous avons enregistré la chanson " We Are The World " au
cours d’une nuit mémorable où toutes les stars s’étaient réunies pour la cérémonie
des American Musical Awards. J’ai écrit cette chanson avec Lionel Richie, après
avoir vu les documentaires horribles tournés en Éthiopie et au Soudan.
À ce moment-là, j’avais l’habitude de demander à ma soeur Janet de me suivre dans
une pièce qui avait une acoustique intéressante, comme la penderie ou la salle de
bain, et je lui chantais juste une note, un rythme sur une note. Il n’y avait pas de
paroles, rien. Je fredonnais seulement, du fond de ma gorge. Je lui disais : " Qu’estce
que tu vois quand tu entends ce son ? " Et ce jour-là, elle m’a dit : " Des enfants
qui meurent en Afrique. Tu as raison. C’est exactement ce que mon âme était en
train de me dicter. "
Et elle m’a dit : " Tu parles de l’Afrique. Tu parles des enfants qui meurent. "
C’est de là qu’est née la chanson " You Are The World ". On est allés dans une pièce
sombre et je lui ai chanté les notes. A mon avis, c’est ce que les chanteurs devraient
pouvoir faire. Nous devrions être capables d’être efficaces même dans une pièce
obscure. Nous avons beaucoup perdu à cause de la télé. On devrait pouvoir toucher
les gens sans avoir besoin de recourir à toute cette technologie, sans les images,
juste avec le son.
Je suis sur une scène du plus loin que ma mémoire remonte. Je connais beaucoup
de secrets, beaucoup de vérités comme ça.
Je crois que " We Are The World " est une chanson très spirituelle, mais spirituelle
dans un sens particulier. J’étais fier de participer à cette chanson, d’être présent avec
les autres musiciens cette nuit-là. Nous étions tous unis dans notre désir de faire
quelque chose de différent. Le monde est devenu un endroit plus respirable pour
nous et cela a fait une différence pour les malheureux que nous voulions aider.
Nous avons reçu des Grammy Awards et nous avons commencé à entendre des
versions de " We Are The World " dans des ascenseurs en même temps que " Billie
Jean ". Depuis que je l’avais écrite, j’étais persuadé que cette chanson devrait être
chantée par des enfants. Quand j’ai enfin entendu la version que George Duke avait
faite avec des enfants, j’ai failli pleurer. C’est la meilleure version que j’aie entendue.
Après " We Are The World ", j’ai de nouveau décidé de protéger ma vie privée.
Pendant deux ans et demi, je me suis presque entièrement consacré à
l’enregistrement de l’album suivant, qui devait s’intituler " Bad ".
Pourquoi cela a-t-il pris si longtemps pour faire " Bad " ? La réponse, c’est que
Quincy et moi avons décidé d’atteindre aussi près que possible la perfection. Un
perfectionniste doit prendre son temps ; il sculpte et modèle son oeuvre jusqu'à ce
qu’elle soit parfaite. Il ne peut pas la lâcher avant d’en être satisfait. C’est impossible.
Quand on se trompe, il ne faut pas hésiter à tout balancer et tout recommencer,
travailler jusqu'à ce que ce soit bien.
Quand c’est parfait, ou presque, il faut le montrer, au bon endroit, au bon moment.
C’est ça le secret. C’est, pour un disque, ce qui fait la différence entre un hit numéro
un qui reste en tête de palmarès pendant des semaines et un titre classé trentième. Il
faut que ça soit vraiment bon. Si c’est le cas, il doit grimper en première position et y
rester ; quand il n’y est plus, tout le monde est surpris.
C’est difficile pour moi d’expliquer comment Quincy Jones et moi nous travaillons
ensemble quand nous faisons un album. Ce que je fais, c’est que j’écris la chanson
et la musique, et Quincy arrive à sortir ce qu’il y a de mieux de moi. C’est la seule
façon dont je peux l’expliquer. Quincy écoute et propose les changements. Il dit : "
Michael, tu devrais changer ça. " Et j’écris autre chose. Il me guide et il m’aide à
créer et à inventer, à travailler sur de nouveaux sons, de nouvelles sortes de
musiques.
Et nous nous battons aussi. Pendant les séances de " Bad ", nous nous sommes
disputés à propos de certaines choses. Quand on se bagarre c’est toujours à propos
des trucs d’avant-garde, de la technologie la plus récente. Je lui dis : " Tu sais,
Quincy, ma musique change tout le temps. "
Je veux le dernier son de batterie que les autres sont en train de créer. Je veux aller
encore plus loin qu’eux. Et puis, nous y allons à fond, et nous faisons le meilleur
disque que nous pouvons.
Nous n’essayons même pas de flatter le goût des fans. Nous essayons seulement de
jouer sur la qualité de la chanson. De toute façon, les gens n’achètent pas de la
merde. Ils achètent seulement ce qu’ils aiment. Quand vous décidez de prendre
votre voiture, d’aller dans un magasin de disques et de mettre l’argent sur le
comptoir, c’est que vous aimez ce que vous achetez. Moi je me dis jamais : " Je vais
mettre une chanson country pour les amateurs, et puis un rock pour ce marché-là. "
Je me sens assez proche de différents styles de musique. J’aime certains rocks et
certaines chansons country, des chansons pop, et les vieux disques de rock’n roll.
Nous voulions faire un rock avec " Beat It ". C’est pour cela que nous avons
demandé à Eddie Van Halen de jouer de la guitare dessus parce que c’est le
meilleur. Les disques devraient être faits pour les gens de toutes les races, et pour
tous les goûts musicaux.
Il y a beaucoup de chansons qui se créent toutes seules. Vous dites seulement : " Ça
y est. C’est comme ça qu’elle va être. " Bien sûr, toutes les chansons ne sont pas
destinées à être dansées sur un tempo dément. " Rock With You " n’était pas un rock
heavy. Pas non plus dans le style " Don’t Stop " ou " Working Day And Night " ou "
Startin’ Something ", quelque chose qu’on peut danser sur une piste de danse et sur
lequel on peut se défoncer et transpirer à mort.

RR1209_567_lg
Nous avons travaillé longtemps sur l’album " Bad ". Des années. Pourtant cela a valu
la peine parce que nous étions satisfaits de notre travail, même si ça avait été
difficile. Il y avait beaucoup de tension parce que nous sentions que nous étions en
compétition avec nous-mêmes et c’est très difficile de se dépasser soi-même, parce
que c’est inévitable, les gens vont toujours comparer " Bad " à " Thriller ". Vous avez
beau dire : " Oubliez Thriller ", personne ne peut le faire.
J’ai pourtant un avantage dans ce combat, c’est que je fais toujours mieux quand j’ai
des contraintes.
" Man In The Mirror " est un grand message. J’aime beaucoup cette chanson. Si
John Lennon était vivant, il s’identifierait sûrement à cette chanson parce qu’elle
raconte une chose essentielle : quand on veut changer le monde, il faut d’abord se
changer soi-même et faire des efforts pour y arriver. C’est exactement ce que disait
Kennedy : " Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous ;
demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. " Si vous voulez que le
monde devienne meilleur, regardez-vous dans le miroir, et changez-VOUS.
Commencez par changer cette personne-là, et ne regardez pas tout ce qui ne va pas
à côté de vous. Commencez par VOUS.
C’est la vérité. C’est ce qu’ont répété Martin Luther King et Gandhi. C’est ce que moi
je crois.
Plusieurs personnes m’ont demandé si je pensais à quelqu’un en écrivant " Can’t
Stop Loving You ". Et j’ai répondu non, pas vraiment. Je pensais à quelqu’un quand
je l’ai chantée, mais pas pendant que je l’ai écrite.
J’ai écrit toutes les chansons de " Bad ", sauf deux : " Man In The Mirror " que Siedah
Garrett a écrite avec Glen Ballard, et " Just Good Friends " par deux auteurs de la
chanson de Tina Turner "What’s Love Got To Do With It ". Nous avions besoin d’un
duo, Stevie Wonder et moi, et ils avaient cette chanson. Je ne suis même pas sûr
qu’ils avaient prévu d’en faire un duo.
" Another Part Of Me " a été une des premières chansons écrites pour " Bad ", et elle
a été lancée à la fin de " Captain Eo ", quand le capitaine dit adieu. " Speedy Demon
" est une chanson à danser. " The Way You Make Me Feel " et " Smooth Criminal "
sont de simples grooves, qui reflètent l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à ce
moment-là.
" Leave Me Alone " se trouve uniquement sur le disque compact de " Bad ". J’ai
beaucoup travaillé sur cette chanson, et j’ai doublé à l’infini mes chorus de voix,
comme des couches de nuages les unes par-dessus les autres. C’est un message
très simple : " Fiche-moi la paix. Laisse- moi tranquille. " Ça se passe entre un
garçon et une fille, mais ça s’adresse surtout à ceux qui s’ennuient ou qui cherchent
à me persécuter.
Le succès déclenche des choses bizarres chez les gens. Beaucoup peuvent parvenir
au succès et le perdre aussi vite. Certains, parmi les victimes de ce succès
éphémère, ne savent pas comment vivre avec.
Je considère le succès différemment, car je suis dans le show-business depuis très
longtemps maintenant. J’ai appris à survivre en essayant d’éviter la publicité
personnelle au maximum et en faisant en sorte que ma vie soit le plus privée
possible. C’est à la fois bien et mal.
La chose la plus difficile, c’est de ne pas avoir de vie privée. Je me souviens, quand
nous tournions " Thriller ", Jackie Onassis et Shaye Areheart sont venus en Californie
pour parler de ce livre. Il y avait des photographes dans les arbres, partout. Nous ne
pouvions pas faire le moindre geste sans que ça deviennent un sujet d’article.
Le prix de la célébrité peut être très lourd. Est-ce que ça en vaut la peine ? Il n’y a
pas moyen d’avoir de vie privée du tout. Le moindre déplacement doit être organisé
en détail. La presse imprime tout ce que vous dites, raconte tout ce que vous faites.
Ils savent ce que vous achetez, les films que vous allez voir... Si je veux choisir des
livres dans une boutique, ils impriment le titre des livres que je feuillette. Un jour, en
Floride, ils ont décrit minute par minute mon emploi du temps, de dix heures du
matin, à six heures du soir. " D’abord il a fait ça, après il a fait ça, et puis il est allé là,
puis il est rentré, etc. "
Il m’est arrivé de me dire : " Et si j’essayais de faire quelque chose que je n’aie
absolument pas envie de voir imprimé dans le journal, qu’est-ce qui se passerait ? "
Tout cela, c’est le prix de la gloire.
Je pense que mon image est déformée dans l’esprit du public. Ils n’ont pas une idée
claire de la personne que je suis en vérité. Et tout cela à cause des articles
fantaisistes qui sont publiés sur moi. Des suppositions, des mensonges, des
allégations sont inventés et le tout est décrit comme un ensemble de faits, quand ce
n’est pas la moitié seulement d’une histoire qui est racontée. L’autre moitié est
souvent la partie qui rétablirait la vérité, ou qui lui donnerait un côté moins
sensationnel. Le résultat, c’est que certains n’imaginent même pas que je puisse être
quelqu’un qui dirige sa carrière. Là aussi, il s’agit d’une idée à l’opposé de la vérité.
J’ai été accusé d’être obsédé par ma vie privée, et c’est la vérité. Quand on est
célèbre, on vous regarde comme un phénomène. Je le comprends, mais pour moi ce
n’est pas toujours facile à accepter. Si vous voulez savoir pourquoi je porte aussi
souvent des lunettes de soleil en public, c’est parce que je n’aime pas être dévisagé
constamment. C’est un moyen de cacher un tout petit peu de moi-même. Quand on
m’a ôté mes dents de sagesse, le dentiste m’a donné un masque chirurgical pour me
protéger des microbes. J’adorais ce masque. C’était encore mieux que des lunettes
de soleil. Et je me suis amusé à le porter pendant un certain temps. Il y a tellement
peu de place dans ma vie privée que le fait de cacher une petite partie de moi-même
était le moyen de mettre un écran-gadget entre les autres et moi, et c’était rigolo. Je
sais que ça peut paraître étrange à certains, mais j’aime que ma vie privée soit
réellement privée.
Je ne saurais dire si oui ou non j’aime être célèbre, mais j’aime atteindre les buts que
je me suis fixés. Je peux dire que ce que j’aime surtout, c’est aller même encore plus
loin que les limites que j’ai tracées. En faire encore plus, toujours plus, est un
sentiment très exaltant. Mieux que tout. C’est tellement important de fixer des buts.
Ainsi, on a une idée de ce que l’on peut faire, où on veut aller, et comment on va y
arriver. Si on ne se fixe pas d’objectif, on ne sait jamais si on aurait pu être capable
de réussir.
Je plaisante souvent en disant que je n’ai jamais demandé à chanter ou à danser,
mais c’est vrai. Quand j’ouvre la bouche, la musique en sort, et je me sens béni
d’avoir reçu ce don. J’en remercie Dieu chaque jour. J’essaie de cultiver ce qu’il m’a
donné, je sens que quelque chose me pousse à le faire.
Il y a tellement de choses autour de nous dont nous devons remercier Dieu. Robert
Frost a écrit qu’on pouvait voir le monde entier dans une simple feuille d’arbre, Je
crois que c’est vrai. C’est ce que j’aime aussi avec les enfants. Ils voient tout. Ils ne
sont pas blasés. Ils s’enthousiasment pour des choses que nous avons oublié
d’apprécier. Ils sont nature, et ne se regardent pas le nombril. J’adore être avec eux.
Il y a toujours des tas d’enfants à la maison, et ils sont toujours bien accueillis. Ils me
dynamisent. Rien que de les regarder. Ils considèrent tout avec des yeux neufs, des
esprits ouverts.
C’est ce qui rend les enfants créatifs. Ils se moquent des règles et des conventions.
Le dessin n’a pas besoin d’être au centre de la feuille de papier. Le ciel n’a pas
besoin d’être bleu. Ils acceptent les adultes sans préjugés. La seule chose qu’ils
demandent, c’est qu’on les traite avec justice et qu’on les aime. Je crois que c’est
aussi ce que nous voulons tous.
J’aimerais penser que j’inspire les enfants que je rencontre. Je veux que les enfants
aiment ma musique. Leur approbation a plus d’importance pour moi que celle de
n’importe qui. Ce sont toujours les enfants qui savent quelle chanson va faire un hit.
On voit déjà des petits qui ne savent pas encore marcher, mais qui sentent le rythme.
C’est amusant. Mais c’est un public exigeant. En réalité, ce sont les juges les plus
durs. Il y a beaucoup de parents qui me disent que leur bébé connaît déjà " Beat It "
ou " Thriller ". George Lucas m’a dit que les premiers mots de sa fille ont été "
Michael Jackson ". J’étais aux anges quand il m’a raconté ça.
En Californie et quand je voyage, je passe beaucoup de temps à visiter des hôpitaux
d’enfants. Cela me rend tellement heureux d’apporter un peu d’amour à ces gamins
rien qu’en leur faisant une petite visite, en les écoutant et en les réconfortant. C’est
tellement triste pour un enfant d’être malade. Souvent, ils ne comprennent pas ce qui
leur arrive. Ça me bouleverse. Quand je suis avec eux, j’ai seulement envie de les
prendre dans mes bras et de tout faire pour qu’ils aillent mieux, Parfois des enfants
malades viennent me voir à la maison ou dans ma chambre d’hôtel quand je suis en
tournée. Les parents me contactent et me demandent la permission d’amener leur
enfant pour quelques minutes. Quand je suis avec eux, je comprends mieux ce que
ma mère a dû éprouver quand elle a eu la polio. La vie est trop précieuse et trop
courte pour qu’on ne prenne pas le temps de toucher les autres avec nos mains, et
avec notre coeur.
Vous savez, quand je suis passé par cette période très pénible de mon adolescence,
où j’avais honte de ma peau et de mon physique d’adolescent, ce sont les enfants
qui m’ont aidé. Ils ne m’ont jamais laissé tomber. Ce sont les seuls qui ont accepté le
fait que je n’étais plus le petit Michael, car ils savaient que j’étais toujours la même
personne, à l’intérieur, même quand les autres ne me reconnaissaient pas. Je n’ai
jamais oublié ça. Les enfants sont super. Si je n’avais pas d’autre raison de vivre que
celle de faire plaisir aux enfants, ça me suffirait. Ils sont étonnants.
Je suis quelqu’un qui contrôle complètement sa vie. J’ai une équipe de gens
exceptionnels qui travaillent pour moi, et ils font un travail considérable pour me
mettre au courant de tout ce qui se passe dans les productions MJJ afin que je
puisse considérer les options et prendre les décisions. Pour ce qui est de la
créativité, c’est mon domaine, et j’apprécie cet aspect de ma vie autant, sinon plus,
que tous les autres.
Je pense que dans la presse j’ai l’image d’un " béni-oui-oui " et je déteste ça. Mais
j’ai du mal à me défendre parce que généralement je ne parle pas de moi. Je suis
une personne timide. C’est vrai. Je n’aime pas donner des interviews ou apparaître
dans des débats télévisés. Quand les éditions Doubleday m’ont contacté pour faire
ce livre, j’ai eu envie de parler de ce que je ressentais, dans un livre qui serait le
mien, mes mots et ma voix. J’espère que cela aidera à clarifier les malentendus et
les idées fausses.

Michael_Joseph_Jackson_King_016718_
Chacun de nous a de multiples facettes, et, quand je suis en public, je suis timide et
réservé. Dès que je suis à l’abri des regards insistants et des caméras, je suis
quelqu’un de complètement différent. Mes amis, mes proches collaborateurs savent
qu’il y a un autre Michael. J’ai beaucoup de mal à montrer ce Michael quand je suis
dans une situation " publique ".
En revanche, quand je suis sur scène, c’est différent. Je contrôle complètement
l’espace. Je ne pense plus à rien. Je sais exactement ce que je veux faire dès que
j’entre sur scène et j’adore chaque minute que j’y passe. Je me sens détendu,
décontracté, c’est la même chose en studio. Je sais toujours quand c’est bon. Quand
ça ne va pas, je sais trouver la solution. Tout doit être en place et quand c’est prêt, je
me sens bien, je me sens comblé. Les gens ont eu tendance à mettre en doute ma
capacité d’écrire moi-même mes chansons. Ils ne me voyaient pas sous cet aspect.
Quand j’ai commencé, ils me regardaient en disant : " Mais qui est-ce qui a
VRAIMENT écrit ça ? "
Je me demande ce qu’ils imaginaient, que j’avais un nègre dans le garage, qui
écrivait à ma place... Mais avec le temps, le malentendu a disparu, il faut toujours
prouver aux gens quelque chose, et malgré tout, ils ont toujours du mal à vous croire.
On m’a raconté comment Walt Disney est allé démarcher dans les studios pour
essayer de vendre ses projets. Mais il se faisait jeter de partout. Quand on lui a
donné une chance, enfin, et qu’il est devenu célèbre, tout le monde a commencé à le
trouver génial.
Être traité injustement est parfois une occasion que l’on a de devenir plus fort et plus
déterminé. L’esclavage a été une chose terrible, mais quand les Noirs d’Amérique
ont réussi à se libérer de cette oppression, ils sont devenus plus forts. Ils savaient ce
que c’était d’être brimés, aliénés par des gens qui contrôlent votre vie. Ils ne
laisseront plus jamais faire une chose pareille. J’admire ce genre de force. Les gens
qui ont cette force peuvent tenir tête devant l’épreuve, et donner leur sang et leur
âme pour leur cause.
Les gens de demandent souvent qui je suis. J’espère que ce livre saura répondre à
quelques-unes de leurs questions.
Ma musique préférée est éclectique. Par exemple, j’aime la musique classique. Je
suis fou de Debussy : " Prélude à l’après-midi d’un faune " et "Clair de lune ". Il y a
aussi Prokofiev. Je pourrais écouter " Pierre et le loup " sans arrêt. Compland est un
de mes compositeurs favoris. Ses sons de cuivres sont tellement extraordinaires : on
les reconnaît dès la première mesure. " Billy the Kid " est fabuleux. J’écoute aussi
beaucoup Tchaïkovski. La suite de " Casse-Noisette " est une de mes oeuvres
préférées. J’ai aussi une énorme collection de musiques instrumentales pour
spectacles comme les standards d’Irving Berlin, Johnny Mercer, Lerner et Loewe,
Harlod Arlen, Rodgers et Hammerstein, et le grand Holland-Dozier-Holland. Je les
admire beaucoup.
J’aime aussi énormément la cuisine mexicaine. Je suis végétarien et les fruits frais et
les légumes sont mes aliments préférés.
J’aime les jouets et les gadgets. J’aime bien voir toutes les nouveautés dans ces
domaines. S’il y a un truc qui vient de sortir et qui me plaît vraiment, je l’achète.
J’adore les singes, et en particulier les chimpanzés. Mon chimpanzé Bubbles est un
vrai chou. J’aime l’emmener avec moi en voyage et en excursion car il est adorable.
J’aime Elizabeth Taylor. J’admire son courage. Elle a vécu beaucoup d’épreuves et
c’est une battante. Elle ne se laisse pas démonter par les obstacles. A chaque
épreuve, elle se bat et repart avec la même énergie. Je m’identifie très fort à elle, à
cause de notre expérience d’enfants-stars. Quand nous avons parlé tous les deux au
téléphone, elle m’a dit qu’elle avait l’impression qu’on se connaissait depuis toujours.
J’ai éprouvé la même chose.
Katherine Hepburn est une amie très chère également. J’avais peur de la rencontrer
d’abord. Lorsque je suis arrivé sur le plateau de " On a Golden Pond " ou j’étais
l’invité de Jane Fonda, nous avons bavardé un moment. Elle m’a invité à dîner le
lendemain soir. J’étais très heureux, et très fier. Depuis, nous nous voyons assez
souvent et nous sommes très proches. Elle a une grande influence sur moi. C’est
également une forte personnalité qui aime protéger sa vie privée.
Je pense que les artistes doivent être forts pour servir d’exemples à leur public. C’est
hallucinant ce que l’on peut faire quand on a seulement le courage d’essayer. Quand
on est sous pression, il faut tirer avantage de cette énergie pour améliorer ce que l’on
fait. Les artistes se doivent d’être forts et corrects pour le public.
Il y a souvent eu, dans le passé, des cas tragiques. Un bon nombre de grands
artistes ont souffert ou sont morts à cause du stress, de la drogue et de l’alcool. Pour
les fans, c’est toujours culpabilisant de ne pas avoir pu empêcher la mort de l’artiste
qu’ils aiment, et de le voir évoluer. On peut se demander quels films Marilyn Monroe
aurait pu interpréter, ou ce qu’aurait fait Jimmy Hendrix dans les années 80.
Beaucoup de gens célèbres prétendent qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient
dans le show-business. Je comprends leurs sentiments, mais je les désapprouve. Si
j’avais un fils ou une fille, je dirais : " Vas-y, fonce, par tous les moyens ; essaie d’y
rentrer. Si c’est ce que tu veux faire, fais-le. "
Pour moi, rien n’est plus important que de rendre les gens heureux, et de les
débarrasser, même provisoirement, de leurs problèmes et de leurs soucis, d’alléger
leur fardeau. Je veux toujours sortir de mes spectacles en disant à chaque fois : "
C’était super. Je veux y retourner. Je me suis bien amusé ". Pour moi, il n’y a que ça
de vrai. C’est pourquoi je ne comprends pas les gens célèbres qui disent qu’ils ne
veulent pas voir leurs enfants dans le show-business. Je pense que s’ils disent cela,
c’est qu’ils ont souffert. Je compatis, parce que j’ai connu ça, moi aussi.
Michael Jackson,
Encino, Californie,
1988.

c4bcece5896178d57d7dee0e58ca4a184b1e52cb08a54

image2mj

lovemj

Publicité
Commentaires
Mijac3
  • Je crée ce lieu pour que chacun s'y sente chez soi afin que tout le monde y trouve un moyen de s'évader du quotidien. Laissez vous emportez dans un monde de divertissement, d'intimité, d'information, de culture et d'émotion.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité