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16 octobre 2009

Moonwalk: L'autobiographie de Michael Jackson.

Suite de l'autobiographie Moonwalk.

La danse : " Moonwalk "(Chapitre 5 - en entier)

offthewall1li

" Off The Wall ", est sorti en août 1979, le même mois que celui de mon anniversaire.
J’avais vingt et un ans et c’est à ce moment-là que j’ai pris le contrôle de mes
affaires. Ce fut un des changements les plus marquants de ma vie. C’était très
important pour moi, car je prouvais ainsi, avec ce succès, que l’ex-" enfant-star " était
un artiste à part entière complètement intégré, et plébiscité par ses contemporains. "
Off The Wall " allait un peu plus loin que le groupe de danse que nous avions
concocté. Quand nous avions démarré le projet, Quincy et moi, nous voulions
exprimer des sentiments forts, passionnés, et nous en parlions pendant des heures.
Je continue de penser que c’est ce que nous avons réussi à accomplir avec la
ballade " She’s Out Of My Life " et dans une certaine mesure avec " Rock With You ".
Quand j’y repense, je comprends comment " Off The Wall " m’a préparé au travail
qui a donné l’album " Thriller ".
Quincy, Rod Temperton et la
plupart des musiciens qui ont
joué sur " Off The Wall " m’ont
aidé à réaliser un rêve que
j’avais depuis longtemps. " Off
The Wall " s’était vendu à
presque six millions d’unités
dans mon pays, mais je voulais
faire un album qui se vende
encore davantage. Depuis
toujours, depuis que j’étais petit
garçon, je rêvais de pulvériser
le record du monde de vente
de disques.

Thriller3gg
Je me souviens que chaque fois que je plongeais dans la piscine, quand j’allais
nager, je faisais un voeu avant de sauter dans l’eau. N’oubliez pas que j’ai toujours
su comment fonctionnait l’industrie du disque, et ce qui était ou n’était pas possible.
Moi, je voulais faire quelque chose de spécial. J’étendais mes bras au-dessus de ma
tête, comme si j’envoyais mes pensées dans l’espace, je faisais un voeu, et je
plongeais. Je me disais : " Mon rêve, c’est ça. C’est ce que je souhaite. " Et je
répétais ça chaque fois que je plongeais dans l’eau.
Je crois aux souhaits et à la possibilité que nous avons de les réaliser. Je le crois
sincèrement. Chaque fois que je voyais un coucher de soleil, je faisais un voeu juste
avant que le dernier rayon de soleil disparaisse à l’horizon. C’était comme si le soleil
avait emporté mon souhait avec lui. Et un souhait est plus qu’un souhait, c’est un
objectif qu’on se fixe. C’est quelque chose que votre conscient et votre subconscient
peuvent vous aider à réaliser. Je me souviens que nous étions en train de travailler
en studio avec Quincy et Rod Temperton sur " Thriller ". Pendant la pause, je jouais
au flipper et l’un d’eux m’a demandé : " Si cet album ne marche pas aussi bien que "
Off The Wall ", est-ce que tu seras déçu ? "
J’étais furieux, et blessé que la question soit seulement soulevée. Je leur ai dit que "
Thriller " ferait encore plus fort que " Off The Wall ". J’ai reconnu que je voulais que
ce disque soit l’album le plus vendu de l’histoire du disque. Ils ont éclaté de rire. Ça
leur paraissait un souhait plutôt irréaliste.
Il m’est arrivé par moments de perdre
mon calme pendant le projet de " Thriller
" parce que les gens qui travaillaient avec
moi n’arrivaient pas à voir ce que moi je
voyais. Ça m’arrive encore maintenant et
je pique ma crise quand je m’en aperçois.
Ils ont trop de doutes. Vous ne pouvez
pas faire de votre mieux, si vous doutez
de vous-même ; et si vous ne croyez pas
en vous, qui le fera ? Si c’est pour faire
aussi bien que la fois d’avant, à quoi
bon ?
La mentalité " On fait ce qu’on peut " ne
me convient pas du tout. Ce que je veux,
c’est faire mieux, aller toujours plus loin,
toujours plus haut. Je crois que nous
avons un vrai pouvoir, mais que nous
n’utilisons pas notre intelligence au
maximum de nos capacités.
L’esprit est assez puissant pour nous
permettre d’atteindre ce nous voulons. Je
SAVAIS ce que nous pouvions faire avec
ce disque.
Nous avions une équipe fantastique, des grands talents et des bonnes idées, et je
savais que nous pouvions réussir ce que nous voulions.
Le succès de " Thriller " a transformé la plupart de mes rêves en réalité. Ce disque
est effectivement devenu l’album le plus vendu de tous les temps et il est inscrit dans
le Livre Guinness des records mondiaux.
Nous avons travaillé très dur pour faire le disque " Thriller ", mais il est vrai que l’on
ne reçoit que ce que l’on a donné. Moi je suis un perfectionniste. Je peux en tomber
raide mort de fatigue... J’ai travaillé tellement fort sur cet album... C’était bien que
Quincy me fasse une confiance totale pendant ces séances. J’imagine qu’il avait eu
le temps de se faire une opinion en me voyant travailler sur " Off The Wall ". Il avait
écouté mes suggestions et m’avait aidé à réaliser ce que je cherchais sur cet album,
mais il m’a montré encore plus de confiance pendant " Thriller ". Il a compris que
j’avais l’expérience et l’assurance requises pour faire ce disque et pour cette raison,
par moments, il n’était pas en studio avec nous. Je n’ai pas de doutes quand il s’agit
de mon travail. Quand j’entreprends un projet, j’y crois à cent pour cent. J’y mets
toute mon âme. Je pourrais mourir pour le réaliser. Je suis comme ça.
Quincy est brillant quand il s’agit d’équilibrer un
disque, de trouver le bon mix entre les tempos
rapides et lents. Nous avons commencé à travailler
avec Rod Temperton sur les chansons de l’album
"Thriller", qui devait s’appeler au départ "Starlight".
J’écrivais mes propres chansons pendant que Quincy
écoutait celles des autres, en espérant trouver celles
qui me conviendraient parfaitement pour l’album. Il
sait exactement ce que j’aime, ce qui me convient et
ce qui va marcher pour moi. Nous avons tous les
deux la même attitude en ce qui concerne les
albums : nous ne croyons pas aux faces B ou aux
chansons d’ albums ". Chaque titre doit pouvoir tenir
le coup, comme s’il s’agissait d’une face A de 45
tours, et nous travaillons toujours dans ce sens.
J’avais terminé plusieurs chansons, mais je ne les ai pas données à Quincy avant
d’avoir écouté celles qu’il avait sélectionnées. La première chanson était " Startin’
Something " et je l’avais écrite pendant que nous faisions l’album " Off The Wall ",
mais je ne l’avais pas montrée à Quincy. Parfois, j’ai une chanson que j’aime
vraiment beaucoup, mais je n’arrive pas à la montrer. Pendant que nous faisions "
Thriller ", j’ai gardé " Beat It " pendant longtemps avant de la jouer à Quincy. Il
n’arrêtait pas de me dire que nous avions besoin d'un bon titre de rock pour l’album.
Il me disait : " Allons ! Elle est où ta chanson ? Je sais que tu l’as. " J’aime mes
chansons, mais au départ je suis timide et j’ai du mal à la jouer aux gens, parce que
j’ai peur qu’ils ne l’aiment pas, et c’est une expérience trop pénible pour moi.
Il a fini par me convaincre de lui faire écouter ce que j’avais écrit. J’ai apporté " Beat
It ", je la lui ai jouée, et il a sauté au plafond. J’étais au septième ciel !
Au moment où on a commencé à travailler sur " Thriller ", j’ai appelé Paul McCartney
à Londres et cette fois je lui ai dit : " Si on écrivait des tubes tous les deux ? " Notre
collaboration a donné "Say Say Say " et " The Girl Is Mine ".
Quincy et moi avons finalement choisi " The Girl Is Mine ", comme titre principal du
premier 45 tours de " Thriller ". Nous n’avions guerre le choix. Quand il y a deux
grands noms sur une même chanson, il faut que ce titre sorte en premier, ou alors il
est matraqué et surexposé. Il fallait que cette chanson sorte.
Lorsque j’ai contacté Paul, je voulais le remercier de la faveur qu’il m’avait faite en
me donnant " Girl Friend " pour l’album " Off The Wall ". J’ai écrit " The Girl Is Mine "
en pensant que cette chanson serait bien pour sa voix et pour la mienne, et nous
avons aussi travaillé sur " Say Say Say " que nous devions finir plus tard avec
George Martin, le grand " producer " des Beatles.
" Say Say Say " a été coécrit par Paul, un homme qui savait jouer de tous les
instruments qu’on peut trouver dans un studio, et qui savait transcrire chaque
partition, alors que moi je ne savais pas le faire. Et pourtant, nous avons collaboré,
d’égal à égal, et nous nous sommes bien amusés ensemble. Paul n’a jamais eu
besoin de me traîner en studio. Cette collaboration m’a donné encore davantage
confiance en moi, car il n’y avait pas Quincy pour corriger mes erreurs et me
regarder. Paul et moi nous partagions la même idée sur la manière dont une
chanson pop doit tourner, et ce fut un vrai régal. J’ai l’impression que, depuis la mort
de John Lennon, il a dû montrer constamment aux gens qu’il était capable d’assurer
tout aussi bien. Paul McCartney a donné tellement au monde du disque et à ses
fans !

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Finalement, j’ai acheté le catalogue d’éditions ATV, qui comprenait beaucoup de
chansons de Lennon et McCartney. Mais la plupart des gens ignorent que c’est Paul
qui m’a poussé à m’intéresser à l’édition. J’étais chez Paul et Linda, dans leur
maison de campagne, quand Paul me parla de l’édition musicale. Il me tendit un petit
livre avec " MPL " inscrit sur la couverture. Il a souri quand je l’ai ouvert, parce qu’il
savait que j’allais trouver le contenu excitant. Il y avait une liste de toutes les
chansons qui appartiennent à Paul et il avait acheté les droits de ces chansons
depuis longtemps. Je n’avais jamais songé à acheter des chansons jusqu’alors.
Lorsque le catalogue ATV, qui contient beaucoup de chansons de Lennon-
McCartney, fut à vendre, j’ai décidé de l’acheter.
Je me considère comme un musicien et aussi comme un businessman. Paul et moi
avons payé pour apprendre l’importance des droits d’édition, les droits d’auteurscompositeurs
et la dignité de ce métier. C’est dans l’écriture des chansons que
réside la sève, le sang de la musique populaire. La créativité ne se mesure pas en
heures de travail ou en systèmes d’échelons, il s’agit là de l’inspiration et du désir de
la faire aboutir. Lorsque j’ai été attaqué en justice par quelqu’un dont je n’avais
jamais entendu parler pour " The Girl Is Mine ", je n’ai eu aucun mal à défendre ma
réputation. J’ai dit que la plupart de mes idées me viennent dans les rêves, ce que
certains ont interprété comme un tour de passe-passe. Notre industrie est tellement
encombrée d’avocats et de procès que ça fait partie de l’apprentissage de ce métier,
au même titre que les concours d’amateurs.
" Not My Lover " a failli être le titre
de " Billie Jean ", parce que Q
n’aimait pas tellement mon titre. Il
avait peur que les gens pensent tout
de suite au joueur de tennis Billie
Jean King.
Beaucoup de gens m’ont posé des
tas de questions sur cette chanson,
et la réponse est très simple. C’est
l’histoire d’une fille qui prétend que
je suis le père de son enfant et je
plaide mon innocence parce que "
cet enfant n’est pas mon fils ".
Il n’y a jamais eu de vraie Billie
Jean. En revanche, après cette
chanson, il y en a eu beaucoup qui
l’ont prétendu. La fille de cette
chanson est une image composite
de toutes les filles qui nous ont
empoisonné l’existence pendant des
années. Ce genre d’histoire est
arrivé plusieurs fois à mes frères, et
ça me surprenait toujours. Je ne
comprenais pas comment ces filles
pouvaient raconter de tels
mensonges alors que c’était faux. Je
ne comprends pas qu’on puisse
mentir à propos d’un tel sujet. Même
maintenant, il y a des filles qui
viennent à la grille de notre maison
et qui disent des choses les plus
aberrantes, comme : " Oui, je suis la femme de Michael " ou bien : " Je lui laisse les
clés de notre appartement. " Je me souviens d’une fille qui nous rendait
complètement fous. Je suis sûr que dans sa tête elle croyait dur comme fer qu’elle
était à moi.
Il y avait une autre fille qui prétendait que j’avais couché avec elle, et elle hurlait des
menaces. Il y a eu quelques incidents devant la grille de Hayvenhurst, et ces gens
peuvent devenir dangereux. Certains crient dans l’interphone que Jésus les a
envoyés pour me parler, ou que Dieu les a envoyés pour me rencontrer. Les trucs les
plus fous...

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Un musicien sait quand une chanson va faire un hit. Ça doit "tourner", sonner juste.
Tout doit être parfaitement en place, c’est une sensation de plénitude, d’intense
satisfaction. On le sait dès qu’on l’écoute. C’est ce que j’ai éprouvé avec " Billie Jean
". Je savais que ça ferait un malheur pendant que j’étais en train de l’écrire. J’étais
complètement absorbé par cette chanson. Un jour, pendant une pause
d’enregistrement, je roulais sur l’autoroute Ventura avec Nelson Hayes, qui travaillait
avec moi à cette époque-là. " Billie Jean " me trottait dans la tête et j’y pensais tout le
temps. C’est alors qu’au moment de quitter l’autoroute un môme en mobylette nous
fait des grands signes et se rapproche de ma portière pour me dire : " Votre voiture
est en train de brûler. " Nous avons alors remarqué la fumée et nous nous sommes
arrêtés aussitôt.
L’arrière de la Rolls-Royce était en flammes. Ce gamin nous a probablement sauvé
la vie. Si la voiture avait explosé, nous aurions été tués.
Mais j’étais tellement absorbé par cette chanson qui tournait dans ma tête que je n’y
ai repensé que beaucoup plus tard. Même pendant que nous cherchions du secours
pour essayer de rentrer, je composais ma chanson, mentalement. C’est dire à quel
point j’étais absorbé par " Billie Jean ".
Avant d’écrire " Beat It ", je pensais que je voulais écrire le genre de rock’n roll que
j’irais acheter pour moi, mais je voulais que ça soit complètement différent de ce que
j’écoutais au top 50, à la radio, tout le temps.

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"Beat It" a été écrit à l’intention des gamins qui vont à l’école. J’ai toujours aimé
écrire des trucs qui plaisent aux enfants. C’est vraiment chouette d’écrire pour eux et
de savoir qu’ils aiment ça, parce qu’ils sont un public très exigeant. On ne peut pas
les blouser. Ils sont mon public le plus important, même maintenant, parce que je les
aime vraiment et je veux leur plaire. S’ils aiment ce que je fais, c’est un hit à tous les
coups, peu importe le classement des palmarès.
Les paroles de " Beat It " expriment quelque chose que je ferais si j’étais agressé. Le
message, "je hais la violence , est une chose à laquelle je crois profondément. Je dis
aux enfants d’être malins et d’éviter les coups. Je ne veux pas dire par là qu’il faut
tendre la joue gauche quand on vient de se faire agresser, mais, sauf quand on a le
dos au mur et qu’il n’y a plus de choix possible, il faut SE TIRER avant que la
violence explose. Si vous vous battez et que vous êtes tué, vous n’avez rien gagné,
vous êtes le grand perdant de l’histoire, et les gens qui vous aiment aussi. C’est ça le
message de " Beat It ". Pour moi, le vrai courage c’est d’accepter le différent, et les
différences, en évitant la bagarre, et en utilisant la sagesse pour que cette solution
soit possible.
Quand Q a téléphoné à Eddie Van Halen, celui-ci a
cru que c’était un canular. A cause de la ligne
téléphonique, qui était brouillée, Eddie a pensé que la
voix du type à l’autre bout de la ligne était celle d’un
plaisantin. Il a donc envoyé Q se faire voir, et Q a
renouvelé son appel. Eddie a accepté de faire la
séance pour nous et ça a donné l’incroyable solo de
guitare de " Beat It ".
Les nouveaux membres de l’équipe faisaient partie
du groupe Toto, qui avait déjà enregistré des tubes : "
Rosanna " et " Africa ". Ils étaient très connus comme
musiciens avant de faire leur groupe. A cause de leur
expérience, ils connaissaient les deux aspects du
travail de studio, et ils étaient capables à la fois
d’improviser et de suivre exactement les consignes
du leader. Steve Porcaro avait travaillé sur " Off The
Wall " tout en étant pianiste-clavier attitré de Toto.
Cette fois il avait amené toute son équipe avec lui.
Tous les musicologues savent que le leader du
groupe, David Paich, est le fils de Marty Paich, qui a
travaillé sur les grands standards de Ray Charles
comme " I Can’t Stop Loving You ".
J’aime " Pretty Young Thing " qui a été écrit par Quincy et James Ingram. " Don’t
Stop Till You Get Enough " m’avait ouvert l’appétit et donné envie de refaire une intro
parlée. J’ai toujours eu une voix douce et je n’ai pas de raison de la cacher en
chantant tout le temps. Je n’ai pas cultivé ni trafiqué le son de ma voix : elle est telle
que Dieu me l’a donnée, et c’est à prendre ou à laisser, c’est la mienne. Imaginez ce
qu’on l’on peut éprouver quand on est critiqué pour quelque chose qui est un don de
Dieu, et qui est complètement naturel. Imaginez à quel point ça fait mal quand la
presse répand de fausses rumeurs, qu’il faut essayer de contredire, de justifier, en
sachant que les gens ont du mal à vous croire, tout simplement parce que les
commérages et les scandales font de bons papiers. Il faut alors raconter une autre
histoire pour essayer de rétablir la vérité et effacer le poison du mensonge. J’ai
toujours refusé de donner des démentis à toutes ces inventions parce que cela
donne trop d’importance aux gens qui ont inventé ces histoires. Rappelez-vous que
la presse est un business : les journaux et les magazines sont là pour faire de
l’argent, parfois aux dépens de la vérité.
En tout cas, dans l’intro de " Pretty Young Thing ", j’étais un peu plus sûr de moi que
sur le dernier album. J’adorais les mots rigolos, farfelus, tout cet argot rock’n roller
qu’on ne trouve pas dans le dictionnaire. J’ai demandé à Janet et à La Toya de venir
en studio pour chanter cette chanson-là et elles ont fait des vrais choeurs. James
Ingram et moi avons programmé un appareil que les ingénieurs de son connaissent
bien et qui s’appelle un Vocoder, pour donner le timbre E.T. à la voix.
" Human Nature " a été écrit par les types de Toto qui l’ont apporté à Quincy. Nous
sommes tombés d’accord tous les deux : c’était la plus jolie mélodie qu’on ait
entendue depuis longtemps. C’est encore plus beau que " Africa " ; c’est une
musique céleste. On m’a souvent demandé ce que signifiaient les paroles : "
Pourquoi est-ce qu’il me fait ça...J’aime l’amour comme ça..." Les gens croient
toujours que les paroles qu’on chante nous ressemblent, et qu’elles ont un sens
particulier pour nous, mais souvent, ce n’est pas vrai. Ce qui compte c’est d’émouvoir
les gens, de les toucher. On peut le faire avec la mosaïque de la mélodie, des
arrangements et des parole, parfois le contenu des mots est purement intellectuel...
On m’a souvent posé des questions sur la chanson "Muscles ". Je l’ai écrite et réalisé
pour Diana Ross. Cette chanson est la façon dont j’ai toujours rêvé de lui redonner
toute ce qu’elle m’a donné, tout ce qu’elle a fait pour moi. J’ai toujours aimé Diana et
je l’admire toujours, j’essaie de le lui prouver. A part ça, " Muscles " est aussi le nom
que j’ai donné à mon serpent.
" The Lady In My Life " a été une des chansons les plus difficiles à réaliser en studio.
Nous avions l’habitude de faire énormément de prises pour avoir un son de voix
aussi parfait que possible, mais avec celle-là, Quincy n’était pas satisfait de ma façon
de chanter, même après des douzaines de prises. Finalement, il m’a pris à part et il
m’a demandé de chanté d’un ton suppliant.
C’est exactement ce qu’il m’a dit. Il m’a demandé de retourner dans la cabine et de "
supplier ". Alors j’y suis retourné, ils ont éteint les grosses lumières du studio, ils ont
fermé les rideaux entre le studio et la cabine des ingénieurs pour que je me sente
plus à l’aise. Q a donné le signal et j’ai supplié... Le résultat, c’est ce qu’on entend.
Puis la maison de disque a commencé à nous talonner pour qu’on finisse " Thriller "
plus rapidement. Quand ils veulent nous faire activer, ils mettent vraiment la
pression, et ils nous ont poussé pour qu’on termine au plus vite. L’ultimatum était
lancé : le disque devait être prêt à telle date, et pas un jour de plus.
Alors on s’est vraiment défoncés pour finir l’album dans les temps. On a commencé à
faire des tas de compromis sur les " mixes ", et même sur certaines prises. A force
d’arrondir les angles, on était en train de démolir tout l’album.
Quand on a fini par écouter ce qu’on devait leur présenter, "Thriller" sonnait tellement
bordélique que j’en ai eu les larmes aux yeux. On m’avait mis une telle pression pour
essayer de finir "Thriller ", tout en travaillant aussi sur l’histoire de E.T., que c’était
trop. Tout le monde se bouffait le nez à propos de ce projet et, finalement, la triste
vérité était que les mixes de " Thriller " ne valaient rien.

hgs
Nous nous sommes assis dans le studio Westlake à Hollywood, et nous avons
écouté l’album en entier. J’étais effondré. La colère m’a envahi, et j’ai quitté la pièce
en disant : " Terminé ! On ne sortira pas l’album. Appelez CBS et dites-leur qu’on ne
leur donnera pas cet album. Je refuse de le laisser sortir. "
Je savais que ce serait une erreur. Si nous n’avions pas arrêté la machine, et écouté
attentivement ce que nous avions fait, le disque aurait été un désastre. Il n’aurait
jamais reçu les hommages qu’il a reçus, parce que, comme on l’apprend vite, on
peut ruiner un excellent album au mixage. C’est comme le montage d’un film. Aussi
fragile. Pour cela, il faut prendre le temps de le faire bien.
Il y a des choses qu’on ne peut pas faire vite.
Il y a eu des cris et des grincements de dents du côté de la maison de disques, mais
finalement ils se sont montrés intelligents et ont compris. Eux aussi, ils le savaient.
Mais j’étais le premier à avoir le courage de le dire. En fin de compte, il a fallu
remixer l’album entièrement ; on s’est pris deux jours de vacances, histoire de
respirer et de prendre du recul. Puis on est revenus en studio avec des oreilles
toutes neuves, et on a recommencé le mix à raison de deux chansons par semaine.
Quand on eut terminé – Wouah ! -- ça frappait fort ! CBS a entendu la différence, "
Thriller " était un projet de taille.

thriller
J’étais tellement heureux quand tout a été fini. Je brûlais d’impatience en attendant la
sortie du disque. Le dernier jour, quand on a quitté le studio pour de bon, on a même
pas fait la fête pour célébrer l’événement ; on est pas allés en discothèque non plus.
On est allé se reposer. De toute façon, je préfère rester chez moi avec les gens que
j’aime. C’est ma façon de faire la fête.
Les trois vidéos qui ont été tirées de "
Thriller ", " Billie Jean ", "Beat It " et "
Thriller ", sont des concepts que j’ai
créés pour l’album. J’étais décidé à
présenter cette musique de la façon la
plus visuelle possible. Je me souviens
que je regardais ce que faisaient les
gens avec la vidéo, et je trouvais ça
aberrant, tellement et primitif. Je
regardais les mômes avaler toute cette
médiocrité, et périr d’ennui parce qu’il
y avait rien d’autre. J’ai toujours envie
de donner le maximum, dans tout ce
que j’entreprends, alors pourquoi
travailler autant sur un album et tout
massacrer en produisant une vidéo
minable ? Je voulais quelque chose
qui vous colle à votre siège, quelque
chose que vous auriez envie de
regarder sans arrêt. Je voulais donner
de la qualité aux gens. Je voulais
aussi être un pionnier dans cette
aventure et réaliser les meilleurs films
musicaux, les meilleurs clips, que
personnellement je préfère appeler "
films ". Sur le tournage, je parlais
toujours du " film " que nous étions en
train de faire, et c’est mon approche.
Je voulais m’entourer des gens les
plus talentueux du business, le
meilleur réalisateur, le meilleur
photographe, le meilleur éclairagiste...
Nous ne filmions pas en vidéo mais en
35 mm. C’était sérieux.

004
Pour le premier clip " Billie Jean ", j’ai interviewé plusieurs réalisateurs, car je voulais
trouver la perle rare. Beaucoup d’entre eux ne m’ont pas montré de matériel
véritablement original.
Plus je visais haut, plus la compagnie de disque mettait de réticence à donner un
budget adéquat.
Alors, j’ai fini par financer moi-même " Beat It " et " Thriller " parce que je n’avais pas
envie de me bagarrer avec les gens pour l’argent. Par conséquent, je suis devenu
propriétaire de ces films à part entière.
" Billie Jean " a été fait avec l’argent de CBS, environ 250,000 dollars. A cette
époque, ça représentait beaucoup, d’argent pour une vidéo, mais ça m’a fait plaisir
de voir qu’ils croyaient autant en moi. Steve Baron qui a réalisé ce film avait
beaucoup d’imagination, bien qu’il n’ait pas été d’accord au départ sur mon intention
d’y mettre de la danse. Je sentais que les gens aimeraient voir de la danse sur ce
clip. Les pas de danse que je fais sur la pointe des pieds et la plupart des autres
mouvements ont été spontanément improvisés.
Le clip de " Billie Jean " fit une grosse impression sur le public de MTV et ce fut un
grand succès.
" Beat It " a été réalisé par Bob Giraldi, qui avait fait beaucoup de pubs télé. Je me
souviens que j’étais en Angleterre ; on a décidé de sortir " Beat It " comme deuxième
45 tours de l’album "Thriller" et il a fallu choisir un réalisateur.
Je sentais que le scénario devait coller exactement avec la chanson que j’avais
écrite : un gang contre l’autre dans les rues " dures " de la ville. Il fallait que ça soit
fort, violent, dur, puisque c’était le thème de " Beat It ".
En rentrant à Los Angeles, j’ai vu le " show-tape " de Bob Giraldi et j’ai tout de suite
su que c’était lui qui devait faire " Beat It ". J’avais aimé la façon dont il racontait ses
histoires dans son travail, et je lui ai parlé de " Beat It ". Nous avons échangé nos
idées, et c’est comme ça que le clip a été créé. Nous avons modelé, sculpté le storyboard
jusqu'à ce que ça nous plaise.
Je pensais aux bandes de jeunes qui vivent dans la rue, quand j’ai écrit " Beat It ".
Aussi, on a fait le tour des gangs les plus féroces de la ville de Los Angeles, et on les
a fait travailler sur le film. Ça s’est avéré une bonne idée et une expérience
fantastique pour moi. Il y avait vraiment des durs de durs sur le plateau, et ils
n’avaient rien de figurants déguisés en loubards. Ils ne jouaient pas la comédie
comme des acteurs : ils étaient sérieux... Ils rentraient dans l’histoire " pour de vrai ".
Il faut dire que je n’avais jamais vraiment fréquenté de gars de ce milieu et ils
m’intimidaient carrément au départ. Mais on avait un service d’ordre tout autour, au
cas où ça dégénérerait. Très vite, on s’est aperçus qu’on n’avait pas besoin de
gardes du corps, et que les membres de ces gangs se comportaient avec nous de
façon humble, gentille et sympa. Nous leur donnions de quoi manger pendant les
pauses, et ils rangeaient les plateaux et nettoyaient ce qu’ils avaient sali.. J’ai
commencé à comprendre que toutes ces images sur les méchants leur servent de
système et d’identification. Ce qu’ils voulaient, c’était qu’on les voie, qu’on les
reconnaisse et qu’on les respecte, et ils étaient ravis à l’idée de passer à la télé. "
Hé, regarde-moi, je suis quelqu’un ! " Je pense sincèrement que la plupart de ces
types se comportent ainsi pour cette raison : ce sont des rebelles, mais des rebelles
qui veulent l’attention et le respect. Comme nous tous ! Ils veulent seulement qu’on
les regarde. Au moins pendant quelques jours, ils ont été des stars.
Ils étaient tellement super avec moi, polis, silencieux, chaleureux. Quand je finissais
mes numéros de danse, ils me félicitaient sur mon travail, et c’était vraiment sincère.
Ils me demandaient une foule d’autographes, et ils étaient souvent attroupés autour
de ma caravane. Je leur donnais tout ce qu’ils me demandaient : des photos, des
autographes, des billets pour ma tournée Victory, n’importe quoi. C’était une bande
de types sympas.
La vérité de cette expérience est sortie à l’écran. Le clip " Beat It " est plutôt
menaçant, et on " sent " les émotions de ces garçons. On sent la rue, et ce qu’est
leur vie dans la rue. Quand on regarde " Beat it ", on sait que ces mômes sont durs.
Ils sont eux-mêmes, et ça passe. Rien à voir avec ce qu’auraient pu faire des
acteurs. C’est leur esprit qui sort à l’écran.
Je me suis souvent demandé si, de leur côté, ils ont reçu mon message comme j’ai
reçu le leur.
Quand " Thriller " est sorti, la compagnie de disques a estimé qu’on en vendrait deux
millions. Généralement, les maisons de disques ne croient jamais qu’un disque
vendra plus que le précédent. Ils pensent que " la dernière fois c’était un coup de
chance ", ou que ce chiffre de vente représente votre public. Ils ont donc mis en
place deux millions d’exemplaires au cas où j’aurais un autre coup de chance. C’est
comme ça qu’ils fonctionnent, mais moi je voulais leur faire changer d’attitude avec "
Thriller ".
Quelqu’un m’a donc aidé dans cette entreprise. Il s’agit de Frank Dileo. Frank était
vice-président de la promotion Epic quand je l’ai rencontré. C’est lui qui m’a aidé à
réaliser mon rêve avec "Thriller". Frank avait entendu des extraits de l’album pour la
première fois au studio Westlake, à Hollywood . Il était là, avec Freddie Demann, un
de mes managers, et Quincy, quand je leur ai fait écouter " Beat It " et un petit extrait
de " Thriller " sur lequel nous étions encore en train de travailler. Ils étaient très
impressionnés, et nous avons commencé à parler sérieusement de faire une
campagne de lancement à " tout casser " pour vendre cet album.
Frank a vraiment bien travaillé et, depuis, il est devenu mon bras droit. Il comprend
l’industrie du disque de façon brillante, et sa compétence est très précieuse. Par
exemple, nous avons sorti "Beat It " en 45 tours alors que " Billie Jean " était encore
numéro un. CBS a crié : " Vous êtes fous ! Ça va tuer Billie Jean. " Mais Frank leur a
dit de ne pas se faire de bile, parce que les deux chansons seraient numéro Un et
qu’elles arriveraient au Top 10 toutes les deux en même temps. Ce fut le cas.
Au printemps 1983, il était clair que l’album faisait un malheur en crevant tous les
records. Chaque fois qu’on sortait un 45 tours, les ventes de l’album repartaient en
flèche.

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Puis le clip de " Beat It " est sorti.
Le 16 mai 1983, j’ai chanté " Billie Jean "
dans une émission de télé en l’honneur du
vingt-cinquième anniversaire de Motown.
Presque 50 millions de gens ont vu ce
spectacle. Après ça, beaucoup de choses
ont changé.
Le show " Motown 25 " avait été enregistré
un mois plus tôt, en avril. Le titre complet du
show s’appelait " Hier, aujourd’hui et pour
toujours ", et je dois bien admettre qu’on
m’avait poussé à le faire. J’en suis heureux
d’ailleurs, car ce passage a déclenché les
moments les plus heureux et les plus
comblés de ma vie.
J’avais d’abord commencé par refuser. On
m’avait demandé d’apparaître comme
membre des Jackson et de faire un numéro
de danse en solo. Mais nous ne faisions plus
partie de l’équipe des artistes de Motown. Il
y a d’abord eu des conversations
interminables entre mes managers, Weisner,
Demann et moi. Je pensais à tout ce que
Berry Gordy avait fait pour le groupe et pour
moi, mais je ne voulais rien savoir. Je ne
voulais pas faire de télé, et j’admets que
mon attitude est généralement assez
négative par rapport à la télé. Finalement,
Berry est venu me trouver. J’étais en train de
monter " Beat It " au studio Motown, et
quelqu’un avait dû lui dire que je me trouvais
dans les parages. Il est donc venu me voir
pour essayer de me convaincre. Je lui ai dit :
" Okay ! Mais si je le fais, je veux chanter "
Billie Jean ".
Ça serait la seule chanson du show qui ne soit pas made in Motown. " Il me répondit
qu’il était d’accord, et que c’était ce qu’il voulait. Nous avons décidé de faire " un pot
pourri " des Jackson avec Jermaine. Nous étions ravis.
J’ai donc réuni mes frères et je les ai fait répéter pour le show. On a bien travaillé et
c’était chouette. Comme au bon vieux temps des Jackson 5. Je les ai fait danser et
répéter pendant des jours et des jours, chez nous à Encino.
Je faisais filmer les répétitions en vidéo pour pouvoir les regarder après. Jermaine et
Marlon participaient aussi. Puis nous sommes allés à Motown pour répéter à
Pasadena. Nous avons fait une mise en place, et, bien que nous ne donnions pas
toute notre énergie et que les répétitions soient fragmentées, les gens présents sur
le plateau nous ont applaudis.. Puis j’ai répété " Billie Jean ". C’était juste un filage et
je n’avais rien préparé encore, car je m’étais surtout occupé du groupe.
Le lendemain, j’ai appelé le bureau de mes managers et je leur ai dit : " S’il vous
plaît, trouvez-moi un chapeau d’espion, un truc en feutre, cool, du style agent secret.
" Je voulais un chapeau spécial, vaguement sinistre, un chapeau d’enfer. Je n’avais
pas encore d’idées précises sur ce que je voulais en faire avec " Billie Jean ".
Pendant les séances de " Thriller ", j’avais trouvé une veste noire et je disais à mes
amis : " Vous savez, un jour, je la mettrai sur scène. " Elle était tellement parfaite,
tellement " show-business " que je décidai de la porter pour le show " Motown 25 ".
Mais la veille de l’enregistrement, je n’avais encore aucune idée de ce que j’allais
faire tout seul. Aussi, je suis allé dans la cuisine et j’ai mis " Billie Jean " à fond.
J’étais tout seul, la veille du show, et j’ai décidé d’attendre que la chanson me dise
ce que je devais faire. J’ai laissé la danse se créer toute seule ; je l’ai véritablement
laissée ME PARLER. J’ai écouté le beat monter. J’ai attrapé le chapeau d’espion et
j’ai commencé à marcher et à prendre la pause, en laissant le rythme de " Billie Jean
" créer le mouvement. Je me sentais poussé à laisser les choses se faire toutes
seules. C’était plus fort que moi. J’ai eu beaucoup de plaisir à rester détaché, et à
laisser la danse venir, comme inspirée par la musique.
J’avais déjà mis au point certains
mouvements, mais l’essentiel était
spontané. Je pratiquais le " moonwalk "
depuis un certain temps, et je décidai
de le danser en public pour le " Motown
25 ".

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À ce moment-là, le " moonwalk " était
déjà dans la rue, mais je lui ai donné
du prestige en le dansant ce soir-là.
C’était un pas de " break-danse " très
sautillant, que les enfants noirs avaient
inventé sur les trottoirs des ghettos. Ils
créent beaucoup de danses de cette
manière, pure et simple. Alors, je me
suis dit : " Je vais l’essayer." Et ça a
marché. Trois gamins me l’ont appris.
Ils m’ont appris la base, et je me suis
entraîné tout seul. J’y ai ajouté d’autres
figures. En tout cas, j’étais sûr que
dans le pont musical de " BillieJean "
j’allais marcher à la fois en avant et à
reculons, comme si je marchais sur la lune. Le jour du tournage, Motown était à la
bourre, complètement en retard sur l’horaire prévu.
Alors, je suis sorti et j’ai répété tout seul. J’avais mon chapeau d’espion sur la tête.
Mes frères voulaient savoir pourquoi, mais je leur ai dit que c’était une surprise. Puis
j’ai demandé discrètement à Nelson Hayes de me rendre un service : " Après le set
avec mes frères, quand les lumières seront éteintes, tends-moi le chapeau dans
l’obscurité. Moi, je serai dans le coin, près des coulisses, en train de parler avec le
public, et tu n’auras qu’à me le passer dans le noir. " Aussi, après notre numéro avec
mes frères, je me suis approché des spectateurs et je leur ai dit : "Vous êtes
merveilleux ! Je peux dire que pour moi ces chansons représentent le bon vieux
temps. Ce furent des moments magiques, tous ensemble, avec Jermaine, mais
celles que j’aime particulièrement ( et Nelson me passa le chapeau) ce sont les
nouvelles chansons. " Alors, je me retournai, pris le chapeau et démarrai " Billie Jean
" sur un rythme très " heavy ". Je voyais bien que les gens aimaient ce que je faisais.
Mes frères m’ont dit que tout le monde se bousculait dans les coulisses pour me
regarder. Ils étaient bouche bée. Mes parents et mes soeurs étaient au milieu du
public. Je me souviens seulement avoir ouvert les yeux à la fin, en découvrant une
armée de gens, debout, applaudissant frénétiquement. J’étais parcouru d’émotions
contradictoires. Je savais que j’avais le maximum et je me sentais bien. Tellement
bien ! Mais en même temps j’étais déçu parce que je n’avais pas réussi à faire ma
longue vrille et à m’arrêter sur la pointe des pieds. Je n’étais pas resté dans cette
position assez longtemps. Je m’étais retrouvé en équilibre sur une pointe de pied,
mais j’aurais voulu rester figé à cet endroit précis, dans cette position.
En coulisses, tout le monde était venu me féliciter. Moi, je pensais encore à ma vrille
loupée. Je m’étais tellement concentré, et je suis tellement perfectionniste !...
Pourtant, je savais que c’était un des moments les plus heureux de ma vie.
Mes frères avaient l’occasion de voir ce que je savais faire tout seul et comment
j’avais évolué. Après le spectacle, chacun d’entre eux est venu m’embrasser, et
j’étais heureux pour nous tous. Quand ils m’ont tous embrassé, j’étais aux anges. J’ai
adoré ça ! Ils ne m’avaient jamais traité comme ça jusque-là. Bien sûr, on est tous
très affectueux les uns avec les autres. À part mon père, qui n’est pas très
démonstratif, nous sommes tous très " calins-bisous ". Mais ce soir-là, quand ils sont
tous venus m’embrasser, c’est comme s’ils m’avaient béni.
Mais j’étais encore turlupiné par ma performance : je n’avais pas été PARFAIT, à
mon goût. Et puis, un gamin d’une dizaine d’années s’est approché de moi dans les
coulisses. Il portait un habit de soirée. Il m’a regardé avec des étoiles dans les yeux,
comme pétrifié, et il m’a dit : " Dis don’, qui c’est qui t’a appris à danser comme ça ? "
J’ai ri et je lui ai dit : " Je me suis pas mal entraîné, tu sais. "

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Le gamin m’a regardé, stupéfait. Je suis parti, et pour la première fois de la soirée,
j’ai été satisfait de ce que j’avais accompli cette nuit-là. Je me suis dit que j’avais dû
être vraiment bon, car les enfants sont honnêtes. Quand ce gamin m’a parlé, j’ai
vraiment senti que j’avais fait un bon travail. J’étais tellement bouleversé que je suis
rentré directement chez moi et que j’ai écrit le récit de cette expérience pour m’en
souvenir. La rencontre avec cet enfant marquait un tournant dans ma vie.
Le lendemain de la diffusion du " Motown 25 ", Fred Astaire me téléphona. Il me dit
très précisément : " T’es vraiment un as et tu bouges comme un fou. Tu les as laissé
sur le cul hier soir..." C’est comme ça qu’il m’a parlé, Fred Astaire. Je l’ai remercié et
il a ajouté : " T’es un danseur hargneux, Moi j’suis pareil. Je faisais la même chose
avec ma canne. " Je l’avais rencontré une fois ou deux par le passé, mais c’était la
première fois qu’il m’appelait. Il a encore ajouté : " J’ai regardé le show, hier soir, et
je l’ai enregistré. Je l’ai encore regardé ce matin. T’es vraiment un sacré danseur. "
C’est le plus grand compliment que j’aie reçu de ma vie et le seul auquel j’aie eu
envie de croire. Venant de Fred Astaire, ce compliment était plus que tout ce que les
autres pouvaient me dire. Ma performance fut nominée plus tard pour un Emmy,
mais c’est Leontyne Price qui a gagné. Peu importe. Fred Astaire m’avait dit des
choses que je n’oublierai jamais. C’était ça, mon Emmy. Par la suite, il m’a invité
chez lui et il a continué à me complimenter à tel point que j’en ai rougi. Il m’a reparlé
de ma performance dans "Billie Jean " en commentant chaque pas. Le grand
chorégraphe Hermes Pan, qui avait dirigé Fred dans tous ses films et ses numéros,
est venu, et je leur ai montré quelques pas qui les ont intéressés. Peu de temps
après, Gene Kelly est venu me rendre visite, et lui aussi m’a dit qu’il aimait ma façon
de danser. Ce show a donc été pour moi une expérience fantastique, car je sentais
que j’avais été intronisé dans la fraternité des danseurs ; je me sentais très honoré,
car ce sont les gens que j’admire le plus au monde.
Aussitôt après " Motown 25 ", ma famille a lu tous les articles qui avaient paru dans
la presse. On disait de moi que j’étais le " nouveau Sinatra ", et que j’étais aussi
excitant qu’Elvis. C’était super, mais je savais que les journalistes peuvent être
perfides et superficiels. Un jour, ils vous encensent, la semaine d’après, ils vous
traînent dans la boue.
Plus tard, j’ai donné la veste noire que j’avais porté ce soir-là à Sammy Davis. Il m’a
dit qu’il ferait une imitation de moi sur scène et je lui ai dit : " Tu veux la porter pour
faire ton numéro ? " Il était ravi. J’adore Sammy. C’est un vrai show-man et un type
extra.
J’ai porté un seul gant, à la main droite, pendant des années. Bien avant " Thriller ".
Deux gants, c’est banal, mais un seul, c’est marrant, c’est différent, c’est la classe !
Pourtant, je ne me suis jamais préoccupé de mon " look " au point de le faire passer
avant le reste. Un artiste ne PENSE PAS à ces choses. C’est UNE MANIÈRE
D’ÊTRE bien dans sa peau, et ça se fait spontanément sans réfléchir. Ça faisait donc
bien longtemps que je portais un seul gant, quand tout le monde l’a découvert dans "
Thriller " en 1983. Je le portais déjà dans mes tournées, dans les années 70, et sur
la pochette de l’album live " Off The Wall ", qui a été fait au cours de mes tournées.
C’est tellement " show-business " ce gant ! J’adore le porter. Un jour par pure
coïncidence, j’ai porté un gant noir pendant la cérémonie des American Music
Awards, qui tombait par hasard le jour de l’anniversaire de Martin Luther King.
Bizarre comment les choses se produisent parfois.
J’admets que j’aime bien lancer des modes, mais je n’ai jamais pensé que le fait de
porter des socquettes blanches en serait une. Jusque-là, ça faisait vraiment boyscout,
de porter des socquettes blanches. C’était chouette dans les années 50, mais
dans les années 60 et 70, personne n’aurait voulu en porter pour tout l’or du monde.
C’était carrément ringard aux yeux de n’importe qui.
Mais moi, j’en ai toujours porté. Toujours. Mes frères disaient que c’était " nul ", mais
je m’en foutait complètement. Mon frère Jermaine piquait carrément sa crise et il se
plaignait à maman : " Maman, Michael a encore mis ses socquettes blanches. Fais
quelque chose. Parle-lui. "

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Ils avaient honte, ils me disaient que j’avais l’air complètement tarte, mais je les
portais quand même, et maintenant c’est complètement " branché ". Je crois que
Jermaine était tellement exaspéré par ces socquettes que je me demande si ce n’est
pas à cause de ça qu’elles sont devenues à la mode.
Quand " Thriller " est sorti, tout le monde s’est mis à porter des pantalons trop courts
qui laissent voir les chevilles.
Mon attitude est que si ça ne se fait pas, si un truc n’est pas à la mode, c’est
justement ça que je vais choisir.
Quand je suis à la maison, je m’habille n’importe comment. Je porte ce qui me tombe
sous la main. Ça m’arrive de passer des journées entières en pyjama. J’aime les
chemises en flanelle, les vieux pantalons et les vieux pulls, bref, les vêtements
simples.
Par contre, quand je sors, je m’habille avec les trucs les plus élégants, les plus
clinquants, les plus extravagants, alors que chez moi, et en studio, c’est n’importe
quoi. Je ne porte pas beaucoup de bijoux. Généralement aucun, parce que ça me
gêne. Parfois on m’en offre et je suis très touché par l’attention, mais je les range
dans un coin. On m’en a déjà volé quelques uns. Jackie Gleason m’avait donné une
très belle bague. Il l’avait retirée de son doigt et me l’avait donnée. On me l’a volée et
ça me fait de la peine. Mais ce qui compte pour moi, c’est le geste, et ce souvenir-là,
on ne peut pas me le prendre. La bague n’est qu’un objet matériel.
Ce qui me rend vraiment heureux, c’est de créer et de jouer sur une scène. Les
choses matérielles ne m’enchaînent pas. Je veux mettre toute mon âme dans ce que
je fais et que les gens aiment ça. C’est ce qui compte le plus pour moi, et c’est un
sentiment merveilleux. J’apprécie l’art pour cette raison.
Je suis un grand admirateur de Michel-Ange et de la manière dont il a mis son âme
dans son oeuvre. Il savait qu’il mourrait un jour, mais que son oeuvre lui survivrait. On
voit bien qu’il a peint la chapelle Sixtine avec son âme. Un jour, il a même décidé de
tout détruire et de tout recommencer parce qu’il voulait que ce soit parfait. Il disait : "
Quand le vin est aigre, il faut le jeter. "
Je peux regarder une peinture et me perdre dans cette contemplation. Le pathos,
l’intensité dramatique d’une oeuvre me font " partir ". Cette communication de l’artiste
et du public se fait par l’émotion. J’éprouve la même chose avec la photographie.
Une belle chose, émouvante, poignante peut dire autant que des centaines de
pages.
Comme je l’ai déjà dit, il y a eu beaucoup de changements dans ma vie après mon
passage au "Motown 25". Quarante-sept millions de spectateurs ont vu cette
émission, et une bonne partie d’entre eux ont acheté le disque " Thriller " peu après.
En automne 83, l’album s’est vendu à huit millions d’exemplaires, et il a pulvérisé
tous les records prévus après "Off The Wall". Puis Frank Dileo a dit qu’il aimerait
nous voir produire un autre clip.
Le prochain devait être " Thriller ". Le scénario de la chanson était suffisamment
ouvert pour donner un maximum de libertés à un bon réalisateur. Aussitôt la décision
prise, j’ai su qui je voulais engager. L’année précédente, j’avais vu un film d’horreur
qui s’appelait "An American Werewolf in London " et je savais que le réalisateur,
John Landis, serait parfait pour " Thriller ", puisque le même type de transformation
arrivait au héros de " Thriller ".
Nous avons donc contacté John Landis et il a accepté. Il a proposé un budget, et
nous nous sommes mis au travail. Les détails techniques de ce film étaient tellement
ahurissants que John Branca, mon avocat, et l’un de mes plus précieux conseillers,
me téléphona. Il travaillait avec moi pour " Off The Wall " et il m’avait aidé à déléguer
mes pouvoirs auprès de gens compétents depuis la sortie de " Thriller ". John
paniquait parce que le budget prévu au départ pour le clip de " Thriller " avait déjà
doublé. Comme je finançais ce projet moi-même, la dépense devenait préoccupante.
Mais John est arrivé avec une idée de génie. Il a suggéré qu’on fasse tourner une
vidéo, séparé du tournage du clip, et de la faire produire par quelqu’un d’autre.
C’était tellement évident qu’on s’est demandé pourquoi personne n’y avait pensé
avant. On était sûrs que ce documentaire serait passionnant, et qu’il permettrait
d’éponger une partie du dépassement de budget. John mit l’affaire sur pied en très
peu de temps. Il fit produire le documentaire par la chaîne de télé MTV et par une
autre station câblée, et Vestron diffusa le clip dès la sortie du disque " Thriller ".
Le succès du documentaire sur le tournage de " Thriller " a été un vrai choc pour
nous tous. Il y a eu environ un million de vidéo-cassettes vendues. Même
maintenant, c’est un record de vente pour les vidéo-cassettes.
Le film " Thriller " fut prêt vers la fin de 1983. On l’a sorti en février 84 et on a
commencé à le voir sur MTV. Epic a sorti le 45 tours de "Thriller " et les ventes ont
crevé le plafond. Selon les statistiques, la sortie du clip " Thriller " et du 45 tours a
déclenché 14 millions d’albums supplémentaires et de cassettes sur une période de
six mois. En 1984, nous vendions jusqu'à un million de disques par semaine.
Je suis encore sidéré par ces résultats. Quand nous avons terminé la campagne de
promo de " Thriller " un an plus tard, l’album avait été tiré à trente-deux millions
d’exemplaires. Aujourd’hui les ventes atteignent quarante millions. Un rêve devenu
réalité.
Au cours de cette période, j’ai changé mon équipe de management. Mon contrat
avec Weisner et Demann avait expiré en 1983. Mon père ne me représentait plus et
je cherchais d’autres gens. Un jour, à l’hôtel Beverly Hills, j’ai rendu visite à Frank
Dileo et je lui ai demandé s’il voulait quitter Epic et gérer ma carrière.
Frank me demanda un délai de réflexion. Je devais le rappeler le vendredi. Bien
entendu, je l’ai rappelé.
Le succès de " Thriller " m’est vraiment tombé dessus en 1984, quand l’album a reçu
un nombre impressionnant de récompenses de la part de l’American Music Awards
et des Grammy Awards. Je me souviens que j’étais dans un état de jubilation
délirante. Je sautais de joie et je dansais comme un fou dans la maison. Quand
l’album a reçu le titre de plus grande vente de l’histoire du disque de tous les temps,
je n’arrivais pas à le croire. Quincy Jones criait : " Champagne pour tout le monde ! "
Travailler aussi dur, donner autant de soi et réussir enfin ! Tous ceux qui avaient
travaillé sur l’album étaient au septième ciel. C’était merveilleux.
Je m’imaginais être comme un coureur
de marathon qui fait sauter le ruban sur
la ligne d’arrivée. Je me sentais comme
ce genre d’athlète, même si je ne suis
pas sportif. Je l’imaginais, ce
marathonien, quand sa poitrine touche
le ruban et que la foule hurle, souffre et
jouit avec lui de son triomphe.
Je m’identifie avec ces athlètes parce
que je sais combien l’entraînement est
difficile, ce qui rend le moment de
triomphe encore plus précieux. C’est
peut-être toute une vie de sacrifice qui
est sublimée dans ce court instant.
L’instant où il gagne. C’est vraiment une drogue puissante. Je suis capable de
comprendre cette sensation, parce que je l’ai éprouvée.
Une des conséquences du succès de " Thriller " est que je suis devenu la cible du
public. A cause de cela, j’ai décidé de mener une vie aussi privée que possible.
J’étais encore timide en public. Il faut vous rappeler que j’ai été un enfant-star et que
dans ce cas-là les gens refusent de vous voir grandir, changer, évoluer. Quand j’étais
célèbre, au début, j’avais un petit visage rond, poupon. Les rondeurs de l’enfance
sont parties quelques années après, quand j’ai changé de régime alimentaire. J’ai
cessé de manger du boeuf, du poulet, du porc et du poisson, ainsi que des aliments
qui font grossir. Je voulais être plus mince, vivre plus sainement, et mieux. Petit à
petit, j’ai perdu du poids, mon visage a changé et la presse m’a accusé de m’être fait
faire de la chirurgie plastique. Je reconnais que je me suis fait refaire le nez, comme
beaucoup de stars le font. Mais les journalistes ont comparé mes photos d’enfant et
d’adolescent avec les photos récentes. Sur les anciennes photos, j’avais un visage
rond et potelé, avec une coiffure afro et un mauvais éclairage. La photo récente
montrait un visage plus mûr. J’ai une coiffure complètement différente, un nez autre,
et mes récentes photos sont superbement éclairées. Ce n’est pas vraiment juste de
faire des comparaisons sur des documents aussi différents. Ils ont même prétendu
que je m’étais fait faire de la chirurgie des os du visage...je trouve ça aberrant et je
ne comprends même pas que l’on puisse inventer de telles histoires. C’est trop
injuste.
Judy Garland et Jean Harlow se sont fait refaire le nez et bien d’autres depuis. Mon
problème, c’est qu’on m’a connu enfant-star et les gens se sont habitués à ce visagelà.
Alors, une fois pour toutes, je le dis, je le maintiens, je ne me suis jamais fait
transformer les joues, ni les yeux. Je n’ai pas fait rétrécir ma bouche, ni blanchir ma
peau. Tout ceci est complètement ridicule. Si c’était vrai, je n’aurais aucune honte à
la dire, mais c’est faux. Je me suis fait refaire le nez deux fois, et récemment je me
suis fait faire une fossette sur le menton, mais c’est tout. Peu importe ce que les
autres diront..., c’est mon visage et c’est comme ça.
Je suis végétarien et, de ce fait, je suis beaucoup plus mince qu’avant. Je suis un
régime très strict depuis des années... Je me sens mieux que jamais, en meilleur
santé, j’ai plus d’énergie. Je ne comprends pas pourquoi la presse se soucie
tellement de mon aspect physique. En quoi mon visage a-t-il quoi que ce soit à voir
avec ma danse ou ma musique ?
L’autre jour, un homme m’a demandé si j’étais heureux. Et j’ai répondu : " Je ne
pense pas être complètement heureux. Je suis une des personnes les plus difficiles
à satisfaire, mais en même temps je suis conscient de tout ce que j’ai reçu et
j’apprécie au plus haut point l’amour de ma famille et de mes amis. "
Mais je suis toujours aussi embarrassé en public. La nuit où j’ai gagné huit American
Music Awards, je les ai reçus, le visage caché par des lunettes noires, devant toutes
les caméras de télé. Katharine Hepburn me téléphona pour me féliciter, mais elle me
passa un vrai savon à cause de mes lunettes noires. " Tes fans veulent voir tes yeux,
me dit-elle. Tu te défiles devant eux. "

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Le mois suivant, en février 1984, au " Grammy
Show ", " Thriller " reçut sept récompenses et apparemment devait en recevoir une
huitième. Toute la soirée, j’étais monté sur le podium et j’avais reçu mes
récompenses avec mes lunettes de soleil. Finalement, lorsque " Thriller " gagna le
prix du meilleur album, j’y suis allé, j’ai retiré mes lunettes, et j’ai regardé la caméra
bien en face en disant : " Katherine Hepburn, je le fais pour vous. " Je savais qu’elle
regardait la télé, et elle m’a vu. Il faut bien s’amuser de temps en temps.

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Mijac3
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